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DESVARIEUX JACOB (1955-2021)

Le chanteur et guitariste français Jacob Desvarieux fut un des membres fondateurs de Kassav’, groupe antillais créé en 1979 qui a inventé le zouk. Ce musicien à l’allure toujours affable et souriante, également arrangeur et producteur, a fait émerger avec les autres membres du groupe un nouveau son énergisant mêlant gwo ka – la musique traditionnelle de la Guadeloupe qui repose sur un couple voix-tambours –, biguine – l’emblème musical de la Martinique – et autres influences caribéennes avec le rock et la musique funk.

Né à Paris le 21 novembre 1955, Jacob Desvarieux passe les premières années de sa vie entre la Guadeloupe et la Martinique avec sa mère, couturière, avant que celle-ci ne décide de partir pour le Sénégal où ils vont vivre durant deux années. À l’âge de dix ans, le jeune garçon reçoit en cadeau une guitare et apprend à en jouer en autodidacte. Il forme son premier groupe, à Marseille, avec des copains de collège et s’imprègne de culture rock en écoutant les Rolling Stones, les Beatles, Deep Purple, Jimi Hendrix ou Led Zeppelin.

Décidé à vivre de la musique, Jacob Desvarieux « monte » à Paris dans l’espoir d’y décrocher quelques belles opportunités. Il y rencontre les musiciens Pierre-Edouard et Georges Décimus, ainsi que Freddy Marshall. Marqués par le réveil identitaire antillais, les quatre hommes ont l’idée de concevoir une musique nouvelle, mais profondément ancrée dans les traditions caribéennes. Comme le rappelait Desvarieux en 2016 dans le journal Libération : « Au départ, c'était un laboratoire : nous cherchions à trouver une bande-son qui fasse la synthèse de toutes les traditions et sons antérieurs, mais qui soit exportable partout. » Le groupe Kassav’, dont le nom fait écho à ses racines, la cassave étant une galette de manioc, voit le jour en 1979. La même année paraît Love and Ka Dance, son premier opus produit par Freddy Marshall, qui quittera bientôt l’aventure tandis que d’autres musiciens la rejoindront : les Martiniquais Jean-Philippe Marthély, Jocelyne Béroard et Jean-Claude Naimro ainsi que les Guadeloupéens Patrick Saint-Éloi et Claude Vamur.

Très vite, Kassav’ rencontre un énorme succès, se produisant dès 1985 au Zénith de Paris, lors d’un concert mémorable, et dans les stades en Afrique où le zouk va influencer de nombreux artistes et donner naissance à un nouveau genre baptisé afro-zouk. Attentif à valoriser la scène antillaise, Jacob Desvarieux imagine à la fin des années 1980 un concert baptisé Le Grand Méchant Zouk (GMZ) dans le but de rassembler autour de Kassav’ « la crème de la musique antillaise ». Un événement qui deviendra un rendez-vous annuel.

Plusieurs fois disque d’or, lauréat d’une victoire de la musique (meilleur groupe de l'année) en 1988, Kassav’ devient, tout en chantant en créole – marqueur identitaire évident et essentiel pour Desvarieux et tous les membres du groupe –, l’une des formations françaises les plus célèbres à travers le monde. Après avoir rempli le Stade de France en 2009, à l’occasion de ses trente ans de carrière, le groupe fête ses quatre décennies en 2019 à Paris La Défense Arena devant 40 000 personnes, prouvant encore qu’il reste une référence.

Régulièrement, Jacob Desvarieux aime aussi s’offrir des digressions. Cette voix emblématique du zouk répond aux invitations de nombreux artistes (Bisso Na Bisso, Angélique Kidjo, Alpha Blondy, Manu Dibango, Khaled, Fred Deshayes…) et, à l’instar de la plupart des membres de Kassav’, enregistre des albums sous son propre nom. Dans Euphrasine's Blues (2000), il reprend en créole « Message of Love » de Jimi Hendrix, une de ses références, et des titres emblématiques de Kassav’ dont leur plus fameux succès, « Zouk la sé sèl medikaman nou ni », qu’il a lui-même composé. Près de vingt ans après la parution d’[...]

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Patrick LABESSE. DESVARIEUX JACOB (1955-2021) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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