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MEŠTROVIĆ IVAN (1883-1962)

Sculpteur, architecte, écrivain et homme politique croate, Ivan Meštrović, né le 15 août 1883 à Vrpolje, dans l’Empire austro-hongrois, passe son enfance en Dalmatie, d’où sa famille est originaire. De 1901 à 1906, il étudie la sculpture à l’Académie des beaux-arts de Vienne, où il rejoint le mouvement sécessionniste qui lui inspira son premier chef-d’œuvre (La Fontaine de la vie, 1905). L’artiste développe un panslavisme romantique magnifié durant sa période héroïque (1908-1912), notamment à la faveur de la réalisation du Cycle du Kosovo, projet qui demeura inachevé. Sa première période artistique est placée sous les auspices de deux maîtres revendiqués : Michel-Ange et Rodin. Il fréquente notamment le sculpteur à partir de 1908 lors de ses nombreux séjours parisiens.

L’horreur éprouvée pendant les guerres balkaniques (1912-1913) et la Première Guerre mondiale porte un coup d’arrêt à sa vision romantique de la lutte armée. Ivan Meštrović renoue alors avec des motifs religieux et un style expressionniste, afin d’exprimer l’universalité de la souffrance humaine (Pietà, 1914). Période d’exil, les années de guerre voient la coexistence d’activités politiques et artistiques intenses. Son engagement dans la défense du territoire croate et, en particulier de sa Dalmatie natale, le conduit à cofonder le Comité yougoslave, à Londres, en 1915.

La fin de la guerre laisse place à un style plus épuré (La Vestale, 1917). Si certains aspects de son travail empruntent aux courants contemporains de l’abstraction, Ivan Meštrović demeura, toute sa vie, fermement engagé en faveur d’un art figuratif. Les années 1920 amplifient cette évolution et sont marquées par un net retour à l’ordre et à la tradition classique, dans le sillage de Michel-Ange (Les Accords lointains, 1918).

L’entre-deux-guerres constitue la période la plus prolifique de son œuvre. Son installation dans le royaume nouvellement créé des Serbes, Croates et Slovènes, en 1919, s’accompagne d’un retrait progressif des affaires politiques. Il développe alors simultanément une intense activité architecturale, associant étroitement celle-ci à la sculpture (église du Très-Saint-Rédempteur, 1937 ; Monument au héros inconnu, 1938 ; Monument à Njegoš, achevé post-mortem en 1974), dans le sillage des théories promues par Otto Wagner. Ivan Meštrović jouit d’une reconnaissance internationale jusqu’aux États-Unis (Monument aux Indiens, Chicago) où il séjourne en 1924 et 1925.

Sa quête formelle de modernité aborde fréquemment des thèmes profondément traditionnels et spirituels (reliefs en bois de la chapelle Sainte-Croix à Split). De la même façon que le Monument de reconnaissance à la France à Belgrade (1930) célèbre le souvenir de la fraternité d’armes franco-serbe durant le premier conflit mondial, les sujets religieux ne sont pas exempts de messages politiques forts (Grégoire de Nin, 1929 ; L’Histoire des Croates, 1932).

Ses convictions lui valent d’être emprisonné, par le gouvernement croate oustachi, durant l’hiver 1941-1942. Libéré sur intervention du Vatican, avant d’être autorisé à s’installer en Italie, il se consacre à la réalisation d’œuvres à caractère religieux. Inquiété par les autorités fascistes après le débarquement allié en Sicile en 1943, il trouve refuge en Suisse où il mène une intense activité éditoriale. Opposé à toute forme de totalitarisme, Ivan Meštrović décline l’invitation de Tito à rentrer en Yougoslavie à la fin de la guerre. Il retourne à Rome, où il réalise ses dernières œuvres marquantes, renouant avec une veine proche de celle de Rodin.

Dans ce contexte d’incertitude, Ivan Meštrović émigre aux États-Unis en 1947, où son arrivée est célébrée par une exposition au Metropolitan Museum of Art à New York, la première consacrée à un artiste vivant. Il acquiert la nationalité américaine[...]

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Écrit par

  • : membre associé de l'École des hautes études en sciences sociales, responsable Balkans à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie

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Pour citer cet article

Renaud DORLHIAC. MEŠTROVIĆ IVAN (1883-1962) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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