ISIDORE DE MILET (mort av. 558)
Associé à Anthémios de Tralles pour la construction de Sainte-Sophie, Isidore de Milet était, comme ce dernier, méchanopoios. C'est lui qui après la mort d'Anthémios de Tralles eut à achever seul la construction de Sainte-Sophie et à ériger la partie la plus délicate de l'édifice, la coupole.
Il avait reçu, tout autant qu'Anthémios, une formation théorique poussée. Il paraît même avoir été, en mathématique et en géométrie, l'un des grands esprits de l'époque. On lui doit une édition d'Archimède dont se servit pour son commentaire son élève Eutokios d'Ascalon (vers 500). L'auteur du XVe livre des Stoicheia (Éléments) attribués à Euclide est également un de ses élèves qui se réfère aux règles que son maître a établies pour le tracé des triangles isocèles. Isidore fit aussi un commentaire sur les Kamarika (Voûtes) de Héron d'Alexandrie, traité écrit au i er siècle de notre ère. Il décrit dans cet ouvrage, aujourd'hui disparu, un compas spécialement conçu pour tracer des paraboles.
Son neveu, Isidore le Jeune, était lui aussi, d'après Procope et Agathias, méchanopoios. La date de sa naissance est inconnue, mais il ne devait guère avoir plus d'une trentaine d'années lorsqu'il surveilla, en compagnie d'un autre architecte, Jean, originaire de Constantinople, la reconstruction de Zenobia (l'actuelle Halebiye) en Syrie du Nord. Procope les dépeint en effet comme des hommes jeunes mais aussi capables par leur talent et leur expérience que des confrères plus âgés. Cette reconstruction intervint sans doute dans le même temps que celle de Resafah-Sergiopolis, survenue avant le siège de Resafah en 542. Sans doute est-ce le même architecte que l'on retrouve cité en 550 dans une inscription de Chalcis ad Belum (Kinnesrin) qui mentionne « le très vénérable et illustre méchanikos Isidore ».
Toutefois, l'œuvre qui le rendit le plus célèbre est la reconstruction de la coupole de Sainte-Sophie. Agathias raconte qu'après l'effondrement de la première coupole, Justinien réunit une commission d'architectes (méchanopoioi) et qu'il chargea Isidore le Jeune de la direction des travaux. Celui-ci commença par augmenter l'épaisseur des arcs nord et sud, progressivement, la portant de 0,91 m à leur partie inférieure jusqu'à 1,45 m à leur sommet, de façon que la base de la coupole redevînt approximativement carrée. Il réédifia ensuite la coupole avec une flèche plus haute de 6,25 m, ce qui diminuerait notablement les poussées latérales. La nouvelle coupole était terminée en 563. Elle est restée dans ses grandes lignes celle que nous admirons aujourd'hui, en dépit des reconstructions partielles qu'elle a connues à l'ouest (œuvre de l'architecte arménien Trdat entre 986 et 994) et à l'est (réfection survenue entre 1347 et 1354).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Pierre SODINI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Pour citer cet article
Jean-Pierre SODINI, « ISIDORE DE MILET (mort av. 558) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Autres références
-
ANTHÉMIOS DE TRALLES (2e moitié Ve s.-env. 534)
- Écrit par Jean-Pierre SODINI
- 4 361 mots
- 1 média
Architecte lydien né à Tralles dans la seconde moitié du v e siècle, Anthémios appartenait à une famille extrêmement cultivée. L'historien Agathias nous apprend que son père était un médecin réputé et que ses frères furent respectivement maître de rhétorique (Métrodore, qui s'installa[...]
-
CONSÉCRATION DE SAINTE-SOPHIE (Constantinople)
- Écrit par Gilles SAURON
- 1 505 mots
- 1 média