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INFRASTRUCTURE

Le terme d'infrastructure revêt deux significations qui sont sans rapport, sinon étymologique, l'une avec l'autre :

Dans la philosophie marxiste, ainsi que Marx l'expose notamment dans la préface et dans l'introduction qu'il donne à sa Contribution à la critique de l'économie politique, l'infrastructure désigne l'ensemble complexe des forces productives et des rapports sociaux de production. Dans leur combinaison même, ces éléments agissent de manière décisive sur les superstructures, au premier rang desquelles se trouvent les formes institutionnelles ou les idéologies ; mais il ne s'agit pas d'un déterminisme mécanique, et il n'est pas exclu que les superstructures puissent, dans certains cas, soit accéder à une autonomie relative, soit même rétroagir sur l'évolution même de l'infrastructure.

Dans un langage plus technique, l'infrastructure désigne l'ensemble des installations fixes mises à la disposition collective des usagers (infrastructure routière, portuaire, sanitaire, culturelle). Désignées en anglais par l'expression social overhead costs, ces installations sont de plus en plus analysées comme des biens publics.

Si pendant longtemps la théorie économique a discuté sur l'efficacité d'un péage lié à leur utilisation, ce qui renvoyait ou non à une théorie de la répartition, l'accent est mis de plus en plus sur les critères de décision concernant leur construction. Après avoir cherché ces critères dans la voie d'une extension des critères des décisions privées (critère de la productivité marginale sociale dans les années cinquante, analyse coût-bénéfice dans les années soixante), on admet de plus en plus que « le calcul économique ne peut résoudre les questions posées par les décisions collectives » (C. Charmeil) et que l'« économie publique » forge progressivement des outils originaux.

— Gérard DESTANNE DE BERNIS

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de sciences économiques de Grenoble, président de l'Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées, Paris

Classification

Pour citer cet article

Gérard DESTANNE DE BERNIS. INFRASTRUCTURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACCULTURATION

    • Écrit par Roger BASTIDE
    • 8 306 mots
    • 1 média
    ...anciennes républiques socialistes, l'acculturation (qui n'osait pas dire son nom) reposait sur les deux postulats suivants : 1. la distinction marxiste entre l'infra et la superstructure ; il suffira de changer les modes de production pour que, automatiquement, les systèmes culturels changent ou que les anciennes...
  • CONFLITS SOCIAUX

    • Écrit par Alain TOURAINE
    • 15 439 mots
    • 8 médias
    Il est difficile de placer ces instances – pour reprendre le vocabulaire freudien – sur l'axe infrastructure-superstructure, parce que ces termes en sont venus dans l'usage courant à opposer les bases matérielles de l'activité sociale aux représentations et aux formes d'organisation sociale. Il faut...
  • ÉQUIPEMENTS COLLECTIFS

    • Écrit par André-Hubert MESNARD
    • 921 mots

    Même si l'approche fonctionnaliste est critiquée par certains sociologues, il est indéniable que la population a des besoins et que les pouvoirs publics comme les acteurs économiques ou sociaux tendent à les satisfaire. Les équipements collectifs sont donc censés répondre aux besoins de la vie...

  • GÉNIE MILITAIRE

    • Écrit par Patrice VENTURA
    • 5 767 mots
    • 1 média
    Elle regroupe des directions et des établissements qui sont répartis sur tout le territoire national et composés d'ingénieurs militaires en bâtiment et travaux publics, d'architectes, de conducteurs de travaux et de personnels civils, techniciens supérieurs d'études et de fabrication.

Voir aussi