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INDIANA (G. Sand) Fiche de lecture

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George Sand - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

George Sand

L' histoire littéraire classe volontiers Indiana dans une première période de la production romanesque de George Sand, le «  romantisme sentimental ». Il est vrai que l'on peut opposer, non sans schématisme, de part et d'autre de l'engagement socialiste de George Sand, les romans de jeunesse, « lyriques », aux derniers romans, « champêtres », comme La Mare au diable ou François le Champi. Mais Indiana, premier roman que l'auteur publie sous son pseudonyme, préfigure bien, et malgré ses dénégations (« une œuvre sans importance », « un récit fort simple où l'écrivain n'a rien créé »), toute son œuvre. Une œuvre engagée, féministe et romantique.

« Indiana, c'est un type »

« ... c'est la femme, l'être faible, chargé de représenter les passions comprimées, ou, si vous l'aimez mieux, supprimées par les lois ». Dès la Préface de 1832, George Sand défend son ouvrage contre la critique et la morale, lui donnant une portée féministe, voire révolutionnaire, qu'elle accentuera encore dans la Préface de 1842 : « Le malheur de la femme entraîne celui de l'homme, comme celui de l'esclave entraîne celui du maître, et j'ai cherché à le montrer dans Indiana. » Et si l'on peut aisément retrouver dans le roman des traits de la vie d'Aurore Dudevant, future George Sand (le conflit avec Casimir Dudevant, sa liaison avec Aurélien de Sèze), il faut être attentif à la valeur d'icône du personnage d'Indiana, qui ouvre, certes sur un mode lyrique et romantique, la lignée des Emma Bovary. Mais le roman, rédigé en 1831, après la révolution de Juillet, est aussi, comme Le Rouge et le Noir, une « chronique de 1830 ». Divisé en quatre parties, il relate par la voix d'un narrateur masculin, qui intervient à la manière de celui de Jacques le fataliste, la vie d'une femme mariée au colonel Delmare, un industriel autoritaire et obtus. Indiana, comme Noun, sa compagne d'enfance et domestique, est créole. Le roman s'ouvre devant un feu de cheminée dans un « castel de la Brie », mais il nous entraînera, dans un souffle proprement romanesque, à l'île Bourbon (La Réunion).

Roman sentimental, exotique, Indiana est aussi un roman politique ; les trois personnages masculins, le mari, l'amant et le cousin avec qui Indiana a été élevée, à la manière de Paul et Virginie, sont le prétexte à une galerie de portraits politiques de 1830 : le nostalgique de l'empereur, le monarchiste bon teint, le républicain. Et la critique du bourgeois – le triste mari – est violente : « c'était l'honnête homme qui ne prend rien et ne donne rien ; qui aimerait mieux mourir que de dérober un fagot dans les forêts du roi, mais qui vous tuerait sans façon pour un fétu ramassé dans la sienne ». La rencontre de l'amant, Raymon de Ramière, précipite Indiana dans la passion et le malheur. Responsable du suicide de Noun, son ancienne maîtresse, le jeune aristocrate délaissera aussi « la belle Indienne », dont la destinée devient alors tout à fait singulière, jusqu'à la déchéance, puis le retour de son cousin, sir Ralph Brown. Nouveaux Paul et Virginie détruits par la vie, ils quittent la « France révolutionnée » pour l'île de leur enfance. Le destin tragique des deux cousins enfin révélés à leur inaltérable amour se voit heureusement corrigé par un étrange épilogue.

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses, maître de conférences à l'université de Poitiers

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Pour citer cet article

Anouchka VASAK. INDIANA (G. Sand) - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/04/2013

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George Sand - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

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