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IMPULSIVITÉ

L’impulsivité, définie globalement comme la tendance à exprimer des comportements excessifs et non planifiés, est un concept intégré dans les principaux modèles de la personnalité. L’impulsivité représente également une dimension psychologique importante pour la compréhension et le diagnostic d’un grand nombre de troubles psychopathologiques et neurologiques.

Au cours des dernières décennies, un intérêt grandissant pour l’étude des conduites impulsives et de leurs déterminants a vu le jour et transcendé les champs disciplinaires (psychologie clinique, psychologie sociale, neuropsychologie, neurosciences cognitives et affectives). Les manifestations impulsives ont ainsi été explorées auprès de différentes populations (enfants, adolescents et adultes de la population générale, personnes cérébro-lésées, personnes caractérisées par des troubles psychiatriques) et à l’aide de méthodes (mesure du comportement effectif, imagerie cérébrale) et d’instruments variés (questionnaires, tâches de laboratoire).

Historiquement, l’étude de l’impulsivité remonte à l’Antiquité, durant laquelle les actes impulsifs sont abordés selon les points de vue théologique et philosophique. Ainsi, l’impulsivité est à cette époque considérée comme une des composantes du thumos, c’est-à-dire de l’âme primitive, centre des émotions et des sentiments.

Les premiers travaux sur l’impulsivité ayant adopté une démarche scientifique furent essentiellement basés sur des observations cliniques. Le médecin suisse Théophile Bonet fut ainsi en 1682 l’un des premiers à proposer une classification des conduites impulsives et à distinguer les « pensées impulsives » (transitoires et déterminées par un contexte) du « caractère impulsif » (reflétant une disposition stable de l’individu). Philippe Pinel, aliéniste à l’hôpital de la Salpêtrière, considère en 1809 les conduites impulsives comme « indépendantes de la volonté propre du sujet ».

Dès le milieu du xxe siècle, plusieurs théoriciens de la personnalité ont conceptualisé l’impulsivité comme dépendante de dimensions tempéramentales et biologiquement ancrées. Selon cette approche, la propension à l’impulsivité serait transmise génétiquement et contrôlée par des circuits neurobiologiques spécifiques, notamment les systèmes sérotoninergique et dopaminergique. Dans une telle perspective, l’impulsivité est conceptualisée comme un trait stable jouant un rôle causal dans le comportement, ce qui a de facto conduit à négliger l’exploration des mécanismes psychologiques (cognitifs, affectifs, motivationnels) sous-jacents aux conduites impulsives.

Mais, à la même période, se dessine un courant différent qui va faire sensiblement progresser la conceptualisation et les méthodes d’évaluation de l’impulsivité et remettre en question l’idée selon laquelle l’impulsivité est un trait de personnalité stable et biologiquement déterminé. En effet, des études de psychologie expérimentale ont montré que l’impulsivité constitue un facteur déterminant dans la compréhension de la variabilité individuelle des performances cognitives et motrices. Dans la lignée de ces travaux, des interventions psychologiques ciblant des mécanismes cognitifs (les capacités de prise de décision et de résolution de problème, les capacités attentionnelles, la capacité à réfréner ou à supprimer un comportement automatique) ou émotionnels (les capacités de gestion des émotions aversives) ont permis de diminuer l’impulsivité en augmentant les capacités d’autocontrôle.

Plus récemment, un pas conceptuel important a été franchi en considérant l’impulsivité comme un construit multidimensionnel. Plusieurs études conduites auprès de larges échantillons d’adolescents, d’adultes et de personnes caractérisées par des troubles psychiatriques ont mis en évidence quatre « facettes » de[...]

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Écrit par

  • : professeur associé de psychologie clinique et psychopathologie, université catholique de Louvain (Belgique)

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