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HISTOIRE DE MA VIE, Giacomo Casanova Fiche de lecture

Intitulées Histoire de ma vie, les Mémoires de Giacomo Casanova (1725-1798) ont été rédigés de 1789 à sa mort. Le manuscrit a été acheté au fils d'une nièce de l'auteur par l'éditeur allemand Brockhaus en 1820, publié en traduction allemande (1822-1828), puis dans une version française édulcorée, complètement récrite par Jean Laforgue à la demande de l'éditeur (1826-1838). Cette version fit l'objet d'une édition savante et illustrée aux Éditions de la Sirène (1924-1935), mais il fallut encore attendre une trentaine d'années pour que soit révélé le texte original dans sa saveur et sa verdeur, grâce à l'édition Brockhaus-Plon (1960-1962). C'est dans sa version linguistiquement et moralement censurée que l'Histoire de ma vie a été connue par Stendhal ou encore par Stefan Zweig, suscitant une première flambée du mythe de Casanova. Mais c'est le texte original qui, depuis quelques décennies, a provoqué un renouveau des études sur Casanova et un élargissement du mythe de ce Vénitien, y compris au cinéma, à travers les œuvres de Luigi Comencini (Casanova, un adolescent à Venise, 1969) ou Fellini (Casanova, 1976). En 2010, le manuscrit original a été acquis par la Bibliothèque nationale de France, donnant lieu à une nouvelle édition des Mémoires.

L'Europe libertine

La Préface de l'auteur commence par une profession d'orthodoxie religieuse (« Je crois à l'existence d'un Dieu immatériel créateur, et maître de toutes les formes ») qui se concilie avec quelque scepticisme à l'égard des dogmes, la plus grande indulgence morale à l'égard de ce qu'il nomme ses fredaines et une non moins grande curiosité pour les sciences occultes. Son histoire sera donc essentiellement celle de ses plaisirs sensuels, écrite en français, « parce que la langue française est plus répandue que la mienne ». Un français enrichi d'italianismes et de néologismes, libéré de ses contraintes académiques et puritaines.

Casanova évoque ses aïeux à l'image des mémorialistes aristocratiques, et d'abord un certain Jacob Casanova, secrétaire du roi qui, dans l'Espagne du xve siècle, enleva une religieuse le lendemain de ses vœux et s'enfuit avec elle à Rome, où il obtint une dispense du pape pour l'épouser. Transgression et absence de sanction, deux des ingrédients qui marqueront les futures aventures du descendant sont déjà là. Un assassin et un poète complètent cet arbre généalogique. Les parents de Giacomo Girolamo sont des comédiens désargentés de Venise. Mais le jeune homme, promis à une carrière ecclésiastique, sait se ménager des protecteurs parmi les riches patriciens de la cité des Doges. Il abondonne vite ses prétentions ecclésiastiques pour courir d'amour en amour, de métier en métier, et vaguer à travers l'Italie, non sans pousser jusqu'à Constantinople et Corfou. Il trouve des sources de revenus dans la pratique de la magie, le charlatanisme et la tricherie au jeu. Il devient enfin un aventurier à l'échelle de l'Europe, en découvrant Paris, Dresde et Vienne. De retour à Venise, promu libertin de haut vol, il peut partager sa maîtresse avec l'abbé de Bernis, ambassadeur de France, et organiser des soirées avec deux religieuses, sous l'œil du diplomate voyeur. Ces libertés, parmi d'autres, conduisent Casanova dans la prison des Plombs, d'où il parvient à s'enfuir. Le récit de sa fuite devint le morceau de bravoure du fugitif, qui fit le tour des cours d'Europe à la recherche d'auditoires, de protecteurs princiers et de lits accueillants. Son mode de vie l'obligeait à se déplacer souvent et à jouer du morcellement des États. Il élargit son champ d'action jusqu'à l'Angleterre, la Pologne, la Russie et l'Espagne. Mais le récit de ses aventures[...]

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Écrit par

  • : professeur de littérature française à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Autres références

  • CASANOVA GIACOMO (1725-1798)

    • Écrit par et
    • 1 274 mots
    • 1 média
    Histoire de ma vie est rédigé en français, non sans italianismes et barbarismes divers. Casanova leur avait donné successivement deux titres : Histoire de ma vie jusqu'en 1797, et Mémoires de Jean-Jacques Casanova de Seingalt, contenant ses voyages et ses aventures galantes et politiques...