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MÉMOIRES, Saint-Simon Fiche de lecture

Les Mémoires de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), ou Mémoires du duc de Saint-Simon couvrant les années 1691-1723 et comportant, notamment, la chronique des années 1701 à 1723, c'est-à-dire la fin du règne de Louis XIV et les débuts de la Régence, ne parurent que fort tard : projetés en 1694, écrits dans les années 1739-1749, ils furent saisis – parmi un très grand nombre de manuscrits – sur ordre du duc de Choiseul en 1760, transportés au dépôt des archives des Affaires étrangères, et circulèrent sous le manteau durant le xviiie siècle. Des extraits furent publiés de 1781 à 1790, à Paris et à Bruxelles. Mais le nom de l'auteur n'apparut qu'en 1788, auquel on ajouta le qualificatif d'« observateur véridique ». Enfin, grâce à un de ses descendants collatéraux, le général-marquis Saint-Simon, la première édition complète vit le jour à Paris en 1829-1830.

Admiré par Chateaubriand et Stendhal, combattu par Michelet, adulé par Proust – qui lui consacra un célèbre pastiche –, Saint-Simon est sorti peu à peu de l'oubli, dépassant, avec lenteur et détachement, le cercle restreint des happy few. Après l'édition des Grands Écrivains de la France (Hachette, 1879-1928, 43 volumes), la Bibliothèque la Pléiade (8 volumes, 1983-1988) permet au duc de conserver son public et toute sa saveur.

Mémoires d'un courtisan

Versailles - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Versailles

Ainsi, dès 1694, après avoir lu les Mémoires de Bassompierre (1579-1646), entre autres écrits célèbres laissés par de grands aristocrates vaincus lors de la Fronde (1648-1653), Saint-Simon décide d'écrire les siens. Dès lors, il vit autant qu'il emmagasine des informations, des remarques, sur ce qu'il voit. Duc et pair de France, mousquetaire du roi en 1691, démissionnaire de l'armée en 1702, il s'attache à la cour et observe Versailles. Dans les années 1729-1738, quatorze ans après la mort de Louis XIV, il lit le Journal de Dangeau – compte rendu d'un courtisan portant sur les années 1684-1720 –, l'annote (ce sont les Additions au journal de Dangeau), puis, vers 1739, entame la véritable rédaction des Mémoires.

La vie à la cour, qu'il commente, est réglée par les querelles et les intrigues. Détestant le Grand Dauphin, Saint-Simon se réjouit de sa mort (1711) et pleure celle du duc de Bourgogne (1712), qu'il respectait au point de voir en lui, comme Fénelon, un recours. Lié à Philippe d'Orléans (régent à partir de 1715), il entre au Conseil de régence, mais voit son influence décroître de jour en jour. Toutefois, en 1721-1722, il est chargé d'une ambassade en Espagne, destinée à demander la main de l'infante pour le jeune Louis XV. Mis à part cette grande affaire, longuement décrite, rien ne permettra au conseiller de s'imposer politiquement dans un monde qui ne vit plus sur les mêmes valeurs que lui. À la mort du Régent, il quitte la cour et se consacre à l'écriture.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et d'esthétique du théâtre à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Christian BIET. MÉMOIRES, Saint-Simon - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Versailles - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Versailles

Autres références

  • JARDINS - Esthétique et philosophie

    • Écrit par Catherine CHOMARAT-RUIZ
    • 3 586 mots
    ...paysage naturel », dont les « fourrés » seraient « dispersés sans aucun ordre » ; nous sommes loin de Descartes et de Boyceau. En France, on sait, par le tome XXVIII de ses Mémoires, à quel point Saint-Simon critique Versailles où tout est bâti « l'un après l'autre, sans dessein général », car « le beau...
  • SAINT-SIMON LOUIS DE ROUVROY, duc de (1675-1755)

    • Écrit par Dirk VAN DER CRUYSSE
    • 3 262 mots

    « Tout m'avoit préparé à me survivre à moi-même, et j'avois tâché d'en profiter. » Cette déclaration qui surgit vers la fin des célèbres Mémoires nous autorise à voir l'œuvre de Saint-Simon comme une immense opération de survie. Il s'agit d'abord d'un témoignage historique...

Voir aussi