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HERMINE, héraldique

L'héraldique utilise des fourrures comme le vair et l'hermine (cette dernière n'étant que le pelage d'hiver d'un petit quadrupède) dont la blancheur est rehaussée d'un semé de bouts de queues noires. Les cadets de familles féodales, brisant les armes de leur chef pour s'en distinguer, prirent parfois un franc quartier de fourrure pour modifier son écu (autour de 1200). Les seigneurs de Montagu, cadets des ducs capétiens de Bourgogne, recouvrirent ainsi le quart supérieur gauche (le dextre des héraldistes) de l'écu aux armes ducales (bandé à bordure) par de l'hermine. Le Capétien Pierre de Dreux, par la suite dit Mauclerc, fut fait chevalier en 1209 et brisa les armes paternelles (échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules) par un franc quartier d'hermine : il conserva ses armes de cadet des comtes de Dreux en devenant par mariage comte de Bretagne (1213-1237), et c'est ainsi que l'hermine fit son entrée en ce fief qui n'avait aucun symbole héraldique. Les comtes puis ducs capétiens de Bretagne portèrent de même jusqu'à Jean III (duc en 1312) qui répugnait à faire figure de cadet d'une branche assez modeste ; il s'entendait fort mal avec une belle-mère Dreux, la seconde épouse de son père. Aussi, dès 1316, il chassa tout souvenir Dreux de ses armes et fit envahir le champ de l'écu par l'hermine du franc quartier. Ses cadets suivirent l'exemple et l'héraldique de la famille ducale s'organisa autour d'un écu entièrement d'hermine (d'hermine plain). Dès 1315 sur un sceau de parlement breton, puis dès 1381 dans la symbolique ducale, apparaît l'animal lui-même que l'on chassait, paraît-il, en Arcoat. Collier d'ordre, sceau ducal montrent le quadrupède qui servit encore à la duchesse Anne qui devint reine de France. L'hermine héraldique, les queues noires étant d'un style différent selon les époques, s'étalait sur les bannières ducales et sur des drapeaux de ports bretons sous l'Ancien Régime. Le grand emblème breton fut cependant la croix noire qu'on pouvait voir portée par les soldats bretons dès le xve siècle ; le pavillon de la flotte d'Anne était blanc à croix noire. Depuis 1923, a été créé un drapeau breton rayé horizontalement blanc et noir, avec un franc quartier d'hermine, et ressemblant au drapeau des États-Unis d'Amérique. La fourrure d'hermine a servi aussi à doubler les manteaux royaux quand il faisait froid, puis s'est imposée en toutes saisons. Les parlementaires à qui le roi déléguait sa justice en vinrent à faire de même, et les magistrats de notre époque portent toujours cette fourrure qui semble maintenant inséparable de l'idée de justice.

— Hervé PINOTEAU

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Écrit par

  • : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique

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Pour citer cet article

Hervé PINOTEAU. HERMINE, héraldique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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