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QUEFFÉLEC HENRI (1910-1992)

L'aventure littéraire d'Henri Queffélec, né à Brest, s'est élaborée à partir d'une aire géographique très définie, celle que balisent Belle-Île, Ouessant, Sein, Douarnenez. Un second thème très prégnant — la foi catholique — lui a permis d'insuffler une dimension spirituelle à ses romans maritimes. De fait, ils ont toutes les vertus qu'on attendait de ce genre dans les années 1940-1950 : une énergie intérieure qui n'est pas le seul point commun avec les œuvres de Bernanos, une dynamique de l'écriture, qui ne peut se séparer du souffle religieux et de la quête existentielle. Il faudrait ici montrer comment, dans Un recteur de l'île de Sein (1944), le romancier anime, par des essais de voix, le monologue intérieur de ces humbles et de ces tourmentés, avec une puissance proche de celle de Giono et de Céline. Le temps reviendra sans doute pour ces romans existentiels et spirituels que furent Tempête sur Douarnenez (1951)), Un royaume sous la mer (1956) ou Solitudes (1963). Ils ont dominé, par leur générosité, la scène littéraire, puis se sont retirés, pour un temps, comme la mer. Queffélec fut avant tout un homme de la foi : il semble n'avoir jamais douté de la vérité du catholicisme, de l'authenticité de la bonne littérature, des puissances du roman. De là l'incandescence de ses écrits, qui forcent l'estime et inspirent la nostalgie ; de là aussi leur statut insulaire et périphérique, sinon — au moins provisoirement — anachronique.

D'une production riche et constante, on retiendra un bel ensemble autobiographique, composé d'Un Breton bien tranquille et de Mémoires d'enfance, refondu dans le posthume Mon Beau Navire, ô ma mémoire ! (1992). Le lecteur pourra s'attacher, comme le premier titre cité l'y invite, à cette quête de l'identité bretonne, à cette « celtitude » sur laquelle ne pèse aucune certitude, à cet espace magique que trace Queffélec entre Brest et Douarnenez. Mais on peut aussi admirer l'évocation romanesque des amis de jeunesse : Robert Brasillach, Paul Gadenne, Roger Vailland, Julien Gracq. Dans cette génération qui a presque tout investi sur la forme du roman, Queffélec est appelé à conserver l'un des tout premiers rangs. À la différence de tel ou tel de ses pairs en littérature, son parcours d'homme et de citoyen fut impeccable et conforme à toutes les exigences d'un honneur bernanosien.

— Jacques LECARME

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Écrit par

  • : professeur de littérature française à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Jacques LECARME. QUEFFÉLEC HENRI (1910-1992) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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