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DUNANT HENRI (1828-1910)

Henri Dunant - crédits : Corbis/ Getty Images

Henri Dunant

Philanthrope suisse, père de la Croix-Rouge internationale, Genevois élevé dans l'atmosphère de piété du « réveil » protestant, il milite dans les Unions chrétiennes de jeunes gens et entre au service de la Compagnie genevoise de colonisation, à Sétif. En 1858, tout en gardant la citoyenneté suisse, Henri Dunant est naturalisé français. Pour régler les problèmes nés de ses activités algériennes, il cherche à intéresser Napoléon III à ses difficultés en lui offrant la dédicace d'un ouvrage écrit à sa louange. En 1859, il le suit en Italie, lors de la guerre contre l'Autriche. Cette circonstance va décider de sa destinée. Il se trouve présent, sur les arrières de l'armée française, à la journée de Solferino (24 juin), qui fait 40 000 tués et blessés. Dunant voit affluer au quartier général de Castiglione delle Stiviere les blessés et les mourants. Il constate l'incurie et l'indifférence avec laquelle on traite les victimes. Dunant improvise des secours, organise les soins, mobilise les volontés et, jusqu'au 12 juillet, continue son action à Brescia, publiant dans les journaux de Genève des appels à la charité. Il traduit le choc qui a bouleversé sa vie dans un récit, publié en novembre 1862, Un souvenir de Solferino. Toute l'Europe s'émeut à la lecture de ces pages qui auront huit éditions, jusqu'en 1873. L'auteur formule le vœu de « quelque principe international, conventionnel et sacré, lequel, une fois agréé et ratifié, servirait de base à des sociétés de secours pour les blessés dans les divers pays de l'Europe ». Son souhait trouve un écho à la Société genevoise d'utilité publique. Une commission formée du général Dufour, ami de Napoléon III, du juriste Gustave Moynier, des médecins Louis Appia et Théodore Maunoir charge Dunant de présenter le mémoire qu'elle a élaboré, au Congrès de statistique de Berlin, en septembre 1863. La Commission des cinq se transforme en un Comité international de secours aux blessés. Dans la capitale prussienne, Dunant, aidé du médecin militaire hollandais Basting, lance un appel aux puissances pour réunir une conférence internationale à Genève, initiative qui fait de lui le promoteur indiscutable de la future Croix-Rouge. La Conférence de Genève, groupant les représentants de seize États, s'ouvre en octobre 1863. Elle préconise la création de sociétés nationales de secours aux blessés militaires officiellement reconnues. Appia et Dufour font adopter un signe distinctif : le brassard blanc à croix rouge, inverse du drapeau fédéral suisse. Le 22 août 1864 sont signées les conventions de Genève, qui jettent les bases du droit humanitaire. Elles font obligation de soigner les blessés, sans distinction de nationalité, et prévoient la neutralisation du personnel et du matériel sanitaires. Dunant est alors au comble de sa renommée et couvert d'honneurs. Vice-président de la Société française de secours aux blessés militaires (1864), il parcourt l'Europe pour propager l'idéal de la Croix-Rouge. Son imagination ne cesse d'engendrer des projets politico-économiques passablement utopiques, comme la neutralisation de la Méditerranée ou, ce qui fait de lui un précurseur du sionisme, le retour des Juifs en Palestine. Ses affaires algériennes périclitent et Dunant use de son crédit pour tenter de les renflouer en multipliant les emprunts. Il fait investir plus de trois millions de francs dans des mines, des fabriques, des exploitations forestières, mal gérées et déficitaires. En 1867, le Crédit genevois, principal créancier, le fait déclarer en faillite et condamner comme civilement responsable. À trente-neuf ans, totalement ruiné, Dunant quitte sa ville natale. Mis au ban de la société, il démissionne de ses fonctions de secrétaire du Comité international de la Croix-Rouge, qui passe désormais son nom sous silence. Il cherche[...]

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Pour citer cet article

Paul GUICHONNET. DUNANT HENRI (1828-1910) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Henri Dunant - crédits : Corbis/ Getty Images

Henri Dunant

Autres références

  • ACTION ET DROIT HUMANITAIRES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Pierre CABOUAT
    • 677 mots

    Février-octobre 1863 À l'initiative d'Henry Dunant, création à Genève du Comité international et des Sociétés nationales de secours aux militaires blessés.

    22 août 1864 Signature de la convention de Genève pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne....

  • CROIX-ROUGE

    • Écrit par Universalis
    • 561 mots
    • 4 médias

    Organisation internationale à but humanitaire, qui a été créée pour venir en aide aux victimes des combats en temps de guerre, mais qui s'est efforcée d'étendre son action à la prévention et au soulagement de toutes les formes de détresse.

    La Croix-Rouge, dont le nom complet...

  • FONDATION DE LA CROIX-ROUGE

    • Écrit par Jean-Pierre CABOUAT
    • 280 mots

    Homme d'affaires genevois, Henry Dunant est témoin du carnage de Solferino le 24 juin 1859, bataille marquée par des pertes humaines considérables, effet direct du perfectionnement des armements et de l'augmentation continue des effectifs. Choqué par l'indigence des services sanitaires des armées,...

Voir aussi