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THYSSEN-BORNEMISZA HANS HEINRICH VON (1921-2002)

Capitaine d'industrie d'envergure planétaire et magnat avisé de la finance internationale, le baron Hans Heinrich von Thyssen-Bornemisza est mort le 27 avril 2002 dans sa résidence de la Costa Brava auprès de sa cinquième épouse, Carmen Cervera. Il a été inhumé dans la crypte du château Landsberg, berceau des Thyssen, en Rhénanie et laisse cinq enfants.

L'ampleur de sa collection d'art n'aurait d'égale, dit-on, que celle de la collection royale d'Angleterre. Des 1 600 œuvres qu'elle comporte, plus de la moitié sont accessibles au public : 780 sont présentées, depuis 1992, en Espagne au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid et à Barcelone au monastère de Pedralbes : elles dessinent un vaste panorama de l'art occidental de la Renaissance à nos jours, tandis que 150 autres, consacrées principalement à l'art européen et américain des xixe et xxe siècles, sont restées – provisoirement ? – dans la résidence tessinoise de la famille.

Fils de la baronne d'origine hongroise Margareta Bornemisza (1887-1971) et de Heinrich Thyssen (1875-1947), financier allemand lui-même anobli par l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier, Hans Heinrich von Thyssen est né le 13 avril 1921 aux Pays-Bas où son père, chassé de Hongrie par la révolution communiste, représentait les intérêts de sociétés issues du consortium sidérurgique rhénan Thyssen Krupp fondé par son propre père, August Thyssen (1842-1926). La montée du nazisme poussa la famille à s'installer, en 1932, en Suisse, à Castagnola, sur les rives du lac de Lugano, dans une propriété d'une rare beauté. La villa Favorita, vaste demeure du xviie siècle, abrita à partir de 1937 les 500 œuvres réunies par Heinrich Thyssen. Mobilier et tapisseries voisinaient avec les peintures des écoles allemande, flamande, italienne, espagnole et française du xve au xviiie siècle ainsi qu'avec des sculptures du Moyen Âge allemand – en écho sans doute à l'intérêt d'August Thyssen qui avait lui-même acquis en 1905 auprès de Rodin six de ses sculptures. La collection révélait la passion du maître des lieux pour le portrait : Heinrich Thyssen en réunit en effet une quarantaine auxquels il consacra une galerie. Les œuvres d'Altdorfer, de Baldung, Cranach, Holbein le Jeune, Ghirlandaio et les portraits de groupes de Dürer et de Frans Hals contribuèrent ainsi, dès les années 1930, à la notoriété d'une collection qui allait encore s'amplifier et se moderniser.

À la mort de son père, Hans Heinrich von Thyssen-Bornemisza – naturalisé suisse en 1950 – s'employa à revivifier l'empire familial fortement démantelé par la guerre et à développer sa collection : fréquentant assidûment les ventes aux enchères il tripla en volume la collection paternelle, l'orientant à partir de 1960 vers l'impressionnisme français et l'expressionnisme allemand. Dans les années 1970, il jeta son dévolu sur l'art américain des xixe et xxe siècles, notamment les paysagistes de l'Hudson River School et du mouvement des Luministes, et acquit aussi bon nombre d'œuvres de l'avant-garde européenne et russe.

La villa Favorita accueillit à partir de 1986 des expositions temporaires de prestige sur la base d'échanges avec des institutions du monde entier et se révéla trop exiguë pour abriter les 1 600 œuvres de la collection. Grâce à Carmen Cervera, épouse du baron depuis 1985, ancienne miss Espagne et elle-même propriétaire d'une collection de 750 œuvres – notamment de peintres espagnols des xviiie et xixe siècles –, l'État espagnol se décida à confier à l'architecte Rafael Moneo la coûteuse rénovation (4 milliards de pesetas, soit plus de 24 millions d'euros) d'une demeure madrilène du xviiie siècle, le Palacio Villahermosa. Il y[...]

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Daniel HARTMANN. THYSSEN-BORNEMISZA HANS HEINRICH VON (1921-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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