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GOTLIB MARCEL GOTTLIEB dit (1934-2016)

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Gotlib est le créateur de quelques personnages immortels de bandes dessinées capables d'atteindre successivement plusieurs publics, dont celui des jeunes depuis les années 1960. Son Gai-Luron, dans Pif, donnait déjà le sens de son humour : anglo-saxon, décalé, jouant de l'absurde gentil, qui n'était pourtant pas gentillet.

Gotlib - crédits : Philippe Matsas/ Opale.photo

Gotlib

La rencontre de Marcel Mordekhaï Gottlieb, né le 14 juillet 1934 à Paris, avec René Goscinny nous offrit – à travers leur collaboration à Pilote – leurs Dingodossiers (deux albums, en 1967 et 1972), créés dans l'esprit de la revue américaine Mad, qu'ils admiraient tant. Parallèlement, le sens aigu et unique de Marcel Gotlib pour la parodie devait s'exprimer dans d'autres séries réalisées en collaboration avec Alexis ou Mandryka.

Mais c'est avec la Rubrique-à-brac que son talent donna toute sa mesure. Dans ces histoires qui, le plus souvent, ne dépassent pas deux planches, Gotlib a quasiment tout inventé de l'humour moderne dans la bande dessinée. Rien ne l'arrêtait. Le professeur Burp, archétype du savant imperturbable, l'inénarrable Newton n'ayant d'idée que si quelque chose lui tombe sur la tête, le tandem du commissaire Bougret et de son adjoint idiot, Charolles, voici autant de caractères inoubliables qui hantent un monde où logique absolue et absurde débridé sont entremêlés à jamais. Jeux de mots et clichés détournés complètent une panoplie dont l'éclectisme lui-même est déjà drôle. On a peine à imaginer aujourd'hui, après l'explosion graphique qui a suivi, et en grande partie grâce à Gotlib, quelle innovation a représenté cette série. Les années 1960-1970 en ont été à jamais marquées.

Par la suite, Gotlib devait créer d'autres personnages : Hamster Jovial, le scout vieilli, Pervers Pépère, le vieillard sadique, et bien sûr Superdupont (avec Lob et divers dessinateurs : Alexis, Solé...). Ce super-héros à la française, affublé de tous les clichés chauvins, eut tellement de succès que des leaders politiques nationalistes s'en réclamèrent... au premier degré !

Par ailleurs, Gotlib a contribué, en 1972, avec Claire Bretécher et Mandryka, à la création de L'Écho des savanes, revue phare de la nouvelle bande dessinée, avant de fonder en 1975 son propre magazine, Fluide glacial, qui est alors le creuset de la nouvelle bande dessinée humoristique européenne et le plus gros succès populaire depuis le déclin de Pilote. Il en quittera assez vite la direction, suivant son évolution avec de plus en plus de distance.

S'il a dû arrêter de dessiner, Gotlib a su en profiter pour faire quelques incursions dans le théâtre (Superdupont monté en 1982 par Jérôme Savary), le cinéma et la télévision (une série de gags avec la coccinelle de la Rubrique-à-brac, en 1993). De grandes expositions lui ont été consacrées, notamment à Angoulême (1992), au Centre belge de la bande dessinée, à Bruxelles (2006), et au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, à Paris (2014). Il a reçu en 1991 le grand prix du Salon international de la bande dessinée d'Angoulême. En 1993, il publie son autobiographie, entre humour et émotion, J’existe, je me suis rencontré. En collaboration avec le dessinateur, Gilles Verlant lui consacre une remarquable biographie, Ma Vie en vrac (2006).

Gotlib meurt le 4 décembre 2016 au Vésinet.

— Yves FRÉMION

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Yves FRÉMION. GOTLIB MARCEL GOTTLIEB dit (1934-2016) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 06/01/2017

Média

Gotlib - crédits : Philippe Matsas/ Opale.photo

Gotlib

Autres références

  • BANDE DESSINÉE

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    • 15 médias
    Gotlib (Marcel Gottlieb, 1934-2016) qui, comme son rédacteur en chef, a été fortement marqué par le magazine satirique américain Mad, fait preuve d’humour absurde dans sa Rubrique-à-brac(1968). Il avait abordé ce registre avec le chien Gai-Luron (1964) dans Vaillant, où Nikita Mandryka (1940-2021)...