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GOMMES, pathologie

Lésions inflammatoires de l'hypoderme, circonscrites, de nature infectieuse, et tendant à s'ulcérer, les gommes évoluent en quatre stades : crudité, avec nodule solide, nettement limité ; ramollissement de la lésion qui s'accroît, devient fluctuante en son centre et adhère à la peau ; ulcération et fistulisation, correspondant à l'élimination de la matière ramollie ; enfin, cicatrisation laissant une trace indélébile.

La gomme syphilitique, accident tertiaire typique, survient de la cinquième à la quinzième année d'une syphilis le plus souvent méconnue. En général unique, siégeant en n'importe quel point du tégument ou des muqueuses, elle parcourt assez rapidement les quatre stades classiques, mais se ramollit sans se liquéfier vraiment, car une ponction n'arrive pas à la vider. Il n'y a pas d'adénopathie. Les modalités de l'ulcération, la cicatrice indélébile, souple, blanche au centre, pigmentée à la périphérie, la positivité des réactions sérologiques, l'efficacité du traitement spécifique distinguent nettement les gommes dues à la syphilis.

La gomme tuberculeuse peut être unique, mais souvent, particulièrement au voisinage des aires ganglionnaires, plusieurs gommes se groupent en un placard violacé qui se ramollit puis s'ouvre, donnant issue à un mélange de pus, de sang et de sérosité. La cicatrice, souvent tardive, est irrégulière, gaufrée, semée de brides. Les adénopathies sont habituelles. La preuve de la tuberculose peut être apportée par la biopsie ou par la mise en évidence du bacille de Koch par culture ou inoculation au cobaye. L'antibiothérapie antituberculeuse prolongée est nécessaire.

Dans l'actinomycose, de siège habituellement cervico-facial, les gommes, disséminées sur un vaste placard de cellulite scléreuse, en parsèment bientôt la surface d'orifices fistuleux, donnant issue à un liquide séro-purulent où l'on constate parfois des grains jaunes caractéristiques. Le germe est mis en évidence par culture en milieu approprié.

Dans la sporotrichose, devenue rare sous nos climats, les gommes, d'évolution assez rapide, s'échelonnent à des stades différents le long d'un trajet lymphatique. Les cultures en milieu spécial retrouvent le champignon.

Les pyocoques, et en particulier les staphylocoques, peuvent donner des gommes isolées ou groupées en placard, tantôt nées dans l'hypoderme, tantôt développées à partir de foyers profonds (notamment ostéodentaires). L'évolution subaiguë torpide vers une fistulisation traînante, les bords décollés des ulcérations, la teinte souvent violacée des téguments évoquent à première vue une tuberculose ; le diagnostic n'est souvent obtenu qu'après plusieurs recherches infructueuses du bacille de Koch ; il se vérifie à l'efficacité du traitement antibiotique approprié.

— Pierre de GRACIANSKY

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Pierre de GRACIANSKY. GOMMES, pathologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009