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SWANSON GLORIA (1899-1983)

Josephine Mae Swanson était née à Chicago dans les dernières années du siècle. D'ascendance mi-italienne mi-suédoise, elle débute au cinéma comme « extra » parce qu'elle était venue voir le tournage d'un film Essanay, par simple curiosité (1913) : trois ans plus tard, elle épouse Wallace Beery et ils partent ensemble à Hollywood, où le célèbre acteur a accepté d'être engagé par Mack Sennett à condition que sa femme le soit aussi. Elle ne sera jamais une « Bathing Beauty », contrairement à une légende longtemps répandue, mais paraîtra dans diverses comédies, puis dans des mélodrames, restant finalement à la Triangle après le départ de Sennett. Après la débâcle de la Triangle, elle a la chance de rencontrer Cecil B. De Mille. Celui-ci découvre en elle une actrice-née, capable des changements de registre les plus étendus. Tout d'abord, il l'impose comme interprète de comédies érotiques, audacieuses pour l'époque (ainsi Dont Change Your Husband, 1919, où elle se baigne « nue ») et dont elle sait tirer parti pour sa publicité personnelle. En outre, De Mille a le goût de la photogénie et met en valeur l'expressivité de sa vedette. Celle-ci sait choisir, au sein de la Paramount, les metteurs en scène qui lui conviennent : de 1919 à 1929, elle tourne seulement quatre films (sur près de trente) avec d'autres réalisateurs que De Mille, Allan Dwan et Sam Wood, ce dernier étant à l'évidence le plus conformiste et le moins « complice » des trois. On aurait tort, du reste, de voir dans ses films d'alors de simples redites ou répétitions, même si son talent comique et son charme pimpant culminent dans Affairs of Anatol (1921), chef-d'œuvre de Cecil B. De Mille. Elle pourra dire plus tard avec quelque fierté : « J'ai tout joué, et je n'ai jamais joué deux fois la même chose. » Des films comme Manhandled (A. Dwan, 1924), Zaza (du même) ou The Humming Bird (S. Olcott, 1925) témoignent de cette variété. Sa célébrité de comédienne, mais aussi de vedette de la mode, culmine à son retour de France, où elle est allée tourner une Madame Sans-Gêne sous la direction de Léonce Perret (1925). En 1926, elle quitte la Paramount pour fonder sa propre compagnie avec l'aide financière de Joseph Kennedy : ses films auront un succès inégal, mais l'un au moins, Miss Sadie Thompson (1928), réalisé par Raoul Walsh (qui y tient lui-même un rôle aux côtés de Lionel Barrymore), prouve l'exceptionnelle ampleur de ses possibilités. L'arrivée du « parlant » ne la désarçonne pas : elle sait non seulement parler, mais chanter ! Et sa beauté reste intacte (The Love of Sunya, 1927, d'A. Parker). Depuis quelque temps déjà, Gloria Swanson cherchait à étendre encore son registre, après avoir montré, avec Miss Sadie Thompson, qu'elle n'était pas seulement la jeune fille délurée et l'actrice-protée chère à De Mille. En 1928, elle accepte de confier à Erich von Stroheim la direction de Queen Kelly, contre l'avis de ses financiers, semble-t-il, car elle y investit sa fortune personnelle. Le génial metteur en scène pratique son système de dépassements et d'extravagances diverses, tout en mettant en valeur, incontestablement, les capacités tragiques de la star-productrice. Mais celle-ci se brouille avec lui et le chasse, alors que le tournage n'est pas terminé : « Il n'avait pas le sens de l'argent », dira-t-elle sèchement. Puis elle essaie de sauver le film, sous forme d'un montage qui ne sera jamais exploité aux États-Unis (par crainte de la censure, car il contient des scènes fort osées) et qui passera inaperçu ailleurs, jusqu'à ce qu'un remontage un peu plus complet, « accepté » par Stroheim qui en aura connaissance en France à la Cinémathèque, vers 1952, puis la redécouverte d'un fragment (dans les années 1960) en fassent un « classique[...]

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Pour citer cet article

Gérard LEGRAND. SWANSON GLORIA (1899-1983) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Boulevard du crépuscule, B.Wilder - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Boulevard du crépuscule, B.Wilder

Autres références

  • DWAN ALLAN (1885-1981)

    • Écrit par Gérard LEGRAND
    • 1 467 mots

    Né à Toronto (Canada), Allan Dwan fait ses études d'ingénieur à l'université de Notre-Dame (Indiana) et y débute au théâtre, en amateur. Diplômé de physique et de mathématiques, il devient représentant d'une firme qui diffuse la lampe à vapeur de mercure, lointaine ancêtre des « néons ». L'un des premiers...

Voir aussi