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LIMBOUR GEORGES (1900-1970)

Professeur de philosophie et journaliste, voyageur et écrivain, membre du groupe surréaliste dans les années vingt, puis exclu de ce groupe, Georges Limbour est surtout un poète. Extrêmement sévère envers son œuvre poétique, il en a brûlé la plus grande partie, ne laissant paraître que ce dont il était réellement satisfait. Il a également écrit de nombreux contes, récits et romans où il révèle, autant que dans ses poèmes, toutes ses qualités poétiques. Aussi désinvolte envers son œuvre publiée que sévère envers celle qui est à paraître, Limbour a laissé de nombreux récits éparpillés au hasard des revues, sans prendre la peine de tous les rassembler.

Né à Courbevoie, il passe son enfance au Havre, ville qui lui donnera pour la mer une fascination sensible dans son œuvre, et le goût des voyages ; de même il découvre la forêt au cours d'un séjour dans les Vosges. La mer et la forêt, deux thèmes riches de résonances poétiques qui ne cesseront de se répondre. À Paris, il s'intéresse à la littérature et à la peinture, en préparant une licence de philosophie. C'est à cette époque qu'il rencontre Salacrou, Pierre Bost, Dubuffet, Queneau. Au cours de son service militaire, il fait la connaissance de Marcel Arland, de Roger Vitrac et de René Crevel. Bref, il fréquente tous ceux qui dans les lettres et la peinture se battent pour une libération totale et avec lesquels il se sent en plein accord intellectuel et artistique. Il rencontre également Breton et les premiers surréalistes.

En 1924, il entre dans l'enseignement comme professeur de philosophie. Ses idées peu conformistes et son goût de la liberté lui attirent des ennuis. Bientôt, il décide de voyager, cédant à une attirance qui date de son enfance. Il visite l'Allemagne, le Moyen-Orient, l'Albanie, la Grèce, la Pologne. À part de brefs séjours, il ne reviendra en France qu'en 1938.

Il avait publié son premier recueil de poèmes, Soleil bas, en 1924. Max Jacob tenait ce volume pour un chef-d'œuvre. Mais les surréalistes, estimant qu'il montrait trop de complaisance pour la « littérature », exclurent Limbour de leur groupe. Parmi de nombreux contes qu'il avait écrits bien des années auparavant, Limbour en choisit trois qu'il rassemble dans un recueil : L'Illustre Cheval blanc (1930). À partir de son retour en France, Limbour publie des romans chargés d'ironie, de poésie et d'émotion : Les Vanilliers (1938), La Pie voleuse (1939), Le Bridge de Mme Lyane (1948). Tous ses romans sont empreints d'un climat de merveilleux qui naît des événements et des personnages, des situations les plus banales. Il semble que Limbour ait une vision naturellement poétique des choses et qu'il lui suffise de poser son regard sur un objet pour lui donner soudain l'apparence d'une vie secrète et mystérieuse.

Il continue d'écrire de nombreux poèmes sur lesquels il exerce son impitoyable censure, n'en laissant survivre que quelques-uns, publie d'autres contes et s'intéresse aussi à la peinture : André Masson et son univers (1947, en collaboration avec M. Leiris), L'Art brut de Jean Dubuffet (1953).

Limbour n'a été connu du public que très tard, lors de la publication de son dernier roman : La Chasse au mérou (1963).

— Marc BLOCH

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Marc BLOCH. LIMBOUR GEORGES (1900-1970) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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