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GRIVAS GEORGES (1898-1974)

Après des études secondaires au gymnase panchypriote de Nicosie, Georges Grivas, né à Trikomo (Chypre), opte pour la nationalité grecque et suit les cours de l'Académie militaire d'Athènes, dont il sort en 1919 lieutenant d'artillerie.

En 1926-1927 puis en 1932-1934, il suit des stages de perfectionnement à l'École supérieure de guerre de Paris. Il est chargé des cours de tactique à l'École d'application de Salonique quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Il participe à la campagne d'Albanie (1940-1941) en tant que chef d'état-major de la 2e division. Durant l'occupation allemande, il se retire à Athènes. À une date imprécise, il fonde un mouvement de résistance connu sous le nom d'Organisation X. Toutefois, ce mouvement n'est pas rattaché à ceux de la résistance grecque contre l'occupant allemand ; il ne semble pas davantage avoir été en rapport avec la mission anglaise auprès de la résistance grecque, ni avec les autorités grecques en exil au Moyen-Orient. Il se livre à une intense activité clandestine anticommuniste, qui se révèle ouvertement en 1944 par un conflit armé avec l'E.L.A.S. (Armée populaire unifiée de la libération).

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Mis à la retraite en mars 1945, le colonel Grivas tente d'entreprendre une carrière politique. Soutenu par l'Organisation X qu'il a transformée en parti, il se présente aux élections de 1946 : le résultat est, pour lui, un échec cuisant. Même échec en 1950-1951. Les « xistes », en effet, n'ont de parti que le nom ; c'est essentiellement une formation paramilitaire extrémiste qui se livrera de 1945 à 1947 à des attentats politiques contre les partisans de gauche en vue de préparer le retour du roi.

Graffiti en faveur de l'Enosis (Chypre, 1955) - crédits : Alex Dellow/ Picture Post/ Getty Images

Graffiti en faveur de l'Enosis (Chypre, 1955)

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On considère que c'est à partir de 1948 que Grivas songe à entreprendre à Chypre une lutte armée contre les Anglais qui refusent depuis plus de vingt ans d'accorder à l'île le rattachement à la Grèce (Enosis) réclamé avec insistance par les 80 p. 100 helléniques de la population. C'est seulement en 1954 que le leader politique chypriote de l'Enosis, l'ethnarque Makarios III, donne son accord pour la lutte armée et charge le colonel Grivas de l'organiser.

Action terrorriste à Chypre, 1955 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Action terrorriste à Chypre, 1955

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Grivas met sur pied l'E.O.K.A. (Organisation nationale des combattants chypriotes) dont il assume la direction. Il se révèle un chef exemplaire. Vivant dans une clandestinité absolue, il échappe à toutes les recherches, ce qui lui confère une auréole symbolisée par son surnom de guerre « Dighenis » (héros mythique byzantin). La lutte (1er avril 1955-20 février 1959) aboutit à l'indépendance de Chypre et non à l'Enosis et Grivas, déçu dans ses espoirs, rentre à Athènes en mars 1959 où il est réintégré dans l'armée grecque avec le grade de général.

Le nom du général Grivas reste indissolublement attaché à l'E.O.K.A., qu'il a créée de toutes pièces, et à la guerre contre la Grande-Bretagne. Les qualités et les défauts mêmes du personnage se complètent pour lui assurer une redoutable efficacité. Considéré comme un excellent soldat, sérieux, sévère, méthodique, il possède en outre de grands talents d'organisateur, une santé de fer, des mœurs frugales, un caractère implacable et passionné. Ces éléments, très positifs tant qu'il s'agit de diriger la guérilla, se révèlent, une fois la paix signée, destructeurs. L'anticommunisme « viscéral » du général Grivas et son incompétence politique en font, à son insu, un adversaire redoutable de la cause qu'il entend défendre.

Après la première crise intercommunautaire à Chypre (1963), Grivas est envoyé par Athènes dans l'île où il devient commandant de la garde nationale chypriote.

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Il choisit alors de se séparer « idéologiquement » du président Makarios et de n'accepter que les ordres d'Athènes : durant les dix dernières années de sa vie, il ne sera plus que le jouet des adversaires de Makarios. Rappelé à Athènes en 1967 après l'échec d'une de ses initiatives, il revient clandestinement dans l'île en 1971 avec la mission d'organiser une seconde E.O.K.A. (E.O.K.A. B), qui se rebelle cette fois contre le gouvernement chypriote légal du président Makarios. Le consensus populaire lui faisant défaut, l'action du général Grivas est vouée à l'échec, mais elle entretient une insécurité permanente, pervertit le légalisme des troupes et justifie a posteriori la méfiance de la communauté turque que Grivas ignore délibérément ou menace ouvertement.

Il semble bien, néanmoins, que le président Makarios n'ait pas voulu faire arrêter le général Grivas, héros de la première E.O. K.A. En janvier 1974, âgé de soixante-seize ans, il meurt d'une crise cardiaque et ne verra donc pas le coup d'État du 15 juillet 1974, qu'il a contribué à préparer, ni l'invasion turque du 20 juillet.

— Nikos ATHANASSIOU

— Liliane PRINCET

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Graffiti en faveur de l'Enosis (Chypre, 1955) - crédits : Alex Dellow/ Picture Post/ Getty Images

Graffiti en faveur de l'Enosis (Chypre, 1955)

Action terrorriste à Chypre, 1955 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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