Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FEYDEAU GEORGES (1862-1921)

Georges Feydeau - crédits : Collection Felix Potin/ Hulton Archive/ Getty Images

Georges Feydeau

Fils du romancier Ernest Feydeau, Georges Feydeau prend la relève de Labiche et porte à sa perfection le vaudeville. Il est pris très tôt par le démon d'écrire et, dès la fin de ses études, il entre dans une double carrière mondaine et théâtrale. Il écrit d'abord des monologues que des acteurs célèbres récitent dans les salons, et deux courtes pièces en un acte représentées à l'Athénée (Amour et Piano et Le Diapason, 1883), qui passent inaperçues. En 1887, il tire quelque gloire de Tailleur pour dames, mais suivent encore cinq années de difficultés. Monsieur chasse inaugure une ère de triomphes ininterrompus. Au rythme d'une à quatre pièces par an, Feydeau, à la fois auteur et metteur en scène, puise son inspiration chez Maxim's et sur le Boulevard, où il fait la célébrité du théâtre des Nouveautés en y créant la plupart de ses grandes œuvres : Champignol malgré lui (1892), Un fil à la patte (1894), L'Hôtel du libre-échange (1894), La Dame de chez Maxim (1899), La Puce à l'oreille (1907), Occupe-toi d'Amélie ! (1908). Puis son genre évolue vers des comédies (Le Bourgeon, 1906 ; La main passe, 1907) et des vaudevilles en un acte (Feu La Mère de Madame, 1908 ; On purge bébé, 1910 ; Léonie est en avance, 1911 ; Mais n'te promène donc pas toute nue, 1912 ; Hortense a dit « J'm'en fous », 1916). Malgré l'engouement de ses contemporains pour son théâtre, Georges Feydeau finit sa vie en solitaire mélancolique, séparé de sa femme et de ses deux enfants, jusqu'au jour de 1919 où il doit entrer dans une maison de santé. Sa production dramatique avait pris fin en 1916.

Plusieurs critiques contemporains n'ont pas hésité à trouver une parenté entre Feydeau et Eugène Ionesco. En effet, les deux auteurs « mettent l'accent sur l'ennui, la platitude, le manque d'initiative et d'imagination, l'isolement, l'impossibilité et le refus de communiquer, le désespoir, l'inutilité du langage » (Arlette Shenkan). L'un et l'autre créent « un univers absurde à la fois parfaitement logique et parfaitement fou » (Gilles Sandier). Cette idée donne à réfléchir mais ne doit pas faire oublier que le cadre et les règles des œuvres de Feydeau sont liés respectivement à la Belle Époque et au vaudeville.

Médecins, rentiers, hommes de loi, militaires, cocottes, tous les personnages s'agitent tels des pantins à la poursuite de leur convoitise, chacun cherchant à humilier l'autre ; peinture de la bourgeoisie aisée de la IIIe République dont le grand souci et le seul, semble-t-il, est une soif effrénée de plaisirs coûteux. Milieu superficiel et artificiel enfermé dans ses préjugés. Tous les procédés du vaudeville sont exploités avec une habileté de technicien du rire : coïncidences, rencontres imprévues, coups de théâtre, malentendus. Même artifice pour chaque pièce, le héros commence par un mensonge qui, s'enchaînant à d'autres, le précipite dans une succession ininterrompue de quiproquos et de situations extravagantes d'où naît un comique irrésistible. Le spectateur, du même coup, se trouve entraîné dans un mouvement accéléré qui tourne au vertige. On passe de la réalité banale à la folie. « La machine comique est aussi, pour finir, une machine infernale » (Gilles Sandier).

Auteur à la mode et démodé, Feydeau connaît aussi bien en France qu'à l'étranger un regain de succès. Depuis 1961, la Comédie-Française reprend régulièrement Un fil à la patte.

— Hélène LACAS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Hélène LACAS. FEYDEAU GEORGES (1862-1921) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Georges Feydeau - crédits : Collection Felix Potin/ Hulton Archive/ Getty Images

Georges Feydeau

Autres références

  • UN FIL À LA PATTE (G. FEYDEAU) - Fiche de lecture

    • Écrit par Guy BELZANE
    • 1 513 mots
    • 1 média

    Un fil à la patte est une pièce en trois actes de Georges Feydeau (1862-1921) créée à Paris au théâtre du Palais-Royal le 9 janvier 1894. Après des débuts difficiles – malgré la bonne réception de Tailleur pour dames en 1886 –, Feydeau connaît enfin la réussite en 1892, avec, la même...

  • BOULEVARD THÉÂTRE DE

    • Écrit par Daniel ZERKI
    • 5 988 mots
    ...grands succès s'affirment comme de violentes réactions à cet envahissement : le Cyrano de Rostand, en 1897, dernier feu d'artifice et ultime raidissement d'un genre moribond, le drame historique en vers, et, en 1899 dans un genre tout à fait différent, La Dame de chez Maxim, deFeydeau.
  • VAUDEVILLE

    • Écrit par Hélène LACAS
    • 952 mots

    A l'origine, au xve siècle, le vaudeville, ou vaudevire, du nom du lieu où il a pris naissance, est une chanson gaie et maligne. Jusqu'à la fin du xviiie siècle, moment où il se fond avec le courant de la chanson française, le vaudeville se présente sous deux aspects...

Voir aussi