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DARZENS GEORGES AUGUSTE (1867-1954)

Le chimiste français Georges Darzens est né en 1867 à Moscou, où il passa son enfance – son père commerçait entre la Russie et la France. Dès l'âge de treize ans, il étudia au collège Sainte-Barbe, à Paris, où il prépara le concours d'entrée à l'École polytechnique. Reçu en 1886, il y fit l'intégralité de sa carrière, y devenant professeur de chimie (1913-1937).

L'adolescent était un surdoué, ce qui le fit hésiter sur sa voie. Son premier penchant fut pour l'astronomie. Une mauvaise vue l'en dissuada. À sa sortie de Polytechnique, 39e d'une promotion de 226, il hésitait encore sur son orientation. Licencié en mathématiques et en sciences physiques, il obtint l'agrégation de physique en 1895. Dès 1890, il était inscrit à la faculté de médecine, pour y obtenir son doctorat en 1899. Il s'intéressa plus particulièrement à l'optique physiologique, publiant en 1895 une théorie physique de la perception des couleurs. Depuis 1897, il dirigeait le laboratoire de recherche de la firme de parfumerie L. T. Piver, poursuivant cette activité jusqu'en 1920. Durant la période 1890-1910, alors que son frère Rodolphe organisait les premières courses automobiles, dont il fut aussi l'un des pilotes, Georges Darzens se passionna pour la construction automobile, mettant au point quelques prototypes. On lui doit l'égalisation des diamètres des roues avant et arrière, l'utilisation de roulements à billes dans les moyeux, l'allongement des cylindres... À l'époque de la bataille de la Marne, Darzens soumit à la commission scientifique de nombreux rapports sur la production de poudres et d'explosifs. Plus tard, cet inventeur-né, affecté au Service des poudres dès le 31 octobre 1914, improvisait une fabrication d'acide picrique à partir d'aniline. Dès le début du xxe siècle, il s'était rendu impopulaire en faisant l'éloge public de la puissance industrielle et économique de l'Allemagne. Il voyait bien que tout nouvel affrontement avec ce pays se heurterait à cette réalité incontournable.

Il fixa finalement son choix sur la chimie. À l'École polytechnique, il eut Édouard Grimaux (1835-1900) comme directeur de recherche. Il devint son assistant dans le laboratoire de chimie (1888-1897), puis répétiteur. Grimaux, passant outre aux diktats de Marcellin Berthelot (1827-1907), enseignait la théorie atomique. Grimaux et Darzens furent dreyfusards, au moment de l'affaire, ce qui atteste aussi d'un grand courage de leur part, au sein de cette école militaire.

Sa principale contribution à la chimie est une réaction qui porte son nom et date de 1910. Addition-fragmentation, elle anticipa sur les réactions de Wittig et de Corey-Chaykovsky. Dans son enseignement, il fut un moderniste, ouvert à la nouvelle physique atomique et à la mécanique quantique. Ses élèves trouvaient dans ses cours, durant l'entre-deux-guerres, les notions absentes du cours de Lafay, en physique.

Non-conformiste de tempérament, dans sa carrière comme dans sa vie privée, il était conscient de sa valeur, et ne supportait pas la médiocrité. Il fut, avec Victor Grignard (1871-1935), l'organicien français le plus brillant de la première moitié du xxe siècle. Georges Darzens est mort à Paris en 1954.

— Pierre LASZLO

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'École polytechnique et à l'université de Liège (Belgique)

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Pour citer cet article

Pierre LASZLO. DARZENS GEORGES AUGUSTE (1867-1954) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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