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DANTZIG GEORGE (1914-2005)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les mathématiciens américains s'investissent dans l'effort militaire. Les problèmes qu'ils rencontrent – le débarquement en Normandie, la protection des convois transatlantiques, la planification des campagnes de bombardement aérien, par exemple – mobilisent un arsenal mathématique sophistiqué. Le conflit modifie profondément les structures de la profession, les sources de financement et les problèmes posés. Si certains mathématiciens se retranchent par la suite dans le purisme, d'autres, au contraire, parviennent à systématiser les approches employées pendant la guerre et à pérenniser les liens établis entre les diverses armes et l'université. Ils exposent des méthodes de résolution de problèmes dont l'impact sur les questions de logistique tant militaires qu'industrielles sera majeur. Parmi ces méthodes, nulle autre n'aura plus de succès que la méthode de programmation linéaire publiée en 1947 par George Bernard Dantzig.

Dantzig est né le 8 novembre 1914 à Portland (Oregon), où son père Tobias travaille comme bûcheron. Ce dernier, né en Lettonie, et sa femme Anja Ourisson s'étaient rencontrés au cours de leurs études de mathématiques à Paris et avaient émigré aux États-Unis. Après avoir exercé divers métiers, Tobias Dantzig (1884-1956) parvient enfin à obtenir une chaire de mathématiques à l'université du Maryland, et sera l'auteur, en 1930, d'un livre auquel son fils contribuera modestement : Le Nombre, langage de la science (réédité et traduit en français en 1974).

Après des débuts mitigés, George Dantzig abandonne ses études de mathématiques pures, se marie et prend un emploi de statisticien pour le gouvernement fédéral. En 1939, il reprend ses études auprès du statisticien Jerzy Neyman (1894-1981) à l'université de Berkeley (Californie). C'est alors que se produit un épisode célèbre : il confond l'énoncé de problèmes encore non résolus avec celui d'un devoir à faire. Publiée, sa solution formera en 1946 l'essentiel de sa thèse de doctorat.

Entre-temps, la guerre aura changé le cours de sa jeune carrière. Dantzig rejoint la branche d'analyse des combats de l'armée de l'air américaine dès 1941. Il prend part au travail de planification de l'ensemble de l'effort de guerre aérien, depuis la fabrication des boulons pour les avions jusqu'à l'effet des bombardements sur le moral ennemi. Devenu expert dans les procédés collectifs de calcul à la main ou à l'aide de calculettes, il sera, après la guerre, conseiller mathématique auprès de l'état-major de l'U.S. Air Force, chargé entre autres de mécaniser les processus de planification logistique à très grande échelle.

En 1947, après avoir discuté de ces questions avec John von Neumann (1903-1957), cofondateur de la théorie des jeux et pionnier de l'informatique, Dantzig découvre la méthode dite « du simplexe », qui permet de résoudre rapidement et mécaniquement un certain type de problème qu'il rencontre assez fréquemment dans les questions de logistiques qu'il a à traiter. La « programmation linéaire », selon l'expression proposée par l'économiste Tjalling Koopmans (1910-1985), cherche à optimiser une fonction linéaire de plusieurs variables soumises à diverses contraintes (en général figurées par des inégalités). Dans Linear Programming and Extensions (1963), Dantzig donne l'exemple suivant déjà étudié par George Stigler (1911-1991), Prix Nobel d'économie en 1982 : trouver la combinaison optimale d'un certain nombre de produits alimentaires qui ait à la fois le meilleur coût et la plus grande valeur nutritive.

En 1952, Dantzig est engagé par la Rand Corporation, société de recherche et de conseil privée à la pointe du développement des techniques[...]

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Classification

Pour citer cet article

David AUBIN. DANTZIG GEORGE (1914-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • OPÉRATIONNELLE RECHERCHE

    • Écrit par Georges CULLMANN
    • 5 481 mots
    • 2 médias
    ... premières indéterminées la valeur 0 : xj = 0, et aux m suivantes les valeurs xn+i = bi. La fonctionnelle prend à cette étape une valeur nulle, ce qui est déjà intéressant, 0 étant un nombre réel.Le choix d'une nouvelle solution sera guidé par les deux considérations suivantes :

Voir aussi