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GE HONG[KO HONG](283-343)

Grand philosophe originaire de la Chine du Sud, à l'époque des Jin, connu surtout comme alchimiste. Sa légende, créée par lui-même de son vivant, le montre subsistant péniblement, à l'écart du monde, presque en ermite ; en réalité, il a été fonctionnaire et officier. Sa vie est liée à l'histoire, fort mouvementée, de son époque.

Issu d'une famille de lettrés-fonctionnaires, Ge Hong connaît cependant une jeunesse difficile. Son père, gouverneur de Shaoling (province du Hunan), meurt lorsqu'il n'a que treize ans. Sans éducation ni ressources, il commence une vie nomade, travaillant de jour comme ouvrier agricole, lisant et copiant, la nuit, tout ce qu'il peut trouver. Autodidacte éclectique, il devient bientôt un écrivain prolixe. Bien qu'avant tout intéressé par les doctrines et les pratiques taoïstes de l'immortalité physique, il acquiert aussi une profonde familiarité avec les enseignements du confucianisme classique, auxquels il cherche à donner une nouvelle actualité, entreprise ingrate à si peu de distance de la faillite de l'ordre impérial des Han, dont le confucianisme fut la doctrine orthodoxe. Il s'intéresse aussi à la stratégie et aux arts militaires. Pendant les troubles qui précèdent la chute de la dynastie des Jin occidentaux — qui gouverne la Chine entière — et le repliement dans les régions du Sud, en 317, de cette dynastie (qui sera dès lors celle des Jin orientaux), Ge Hong s'engage dans les milices locales pour défendre sa patrie. À titre de récompense, en 330, il est anobli et doté d'un petit fief à Jurong (province d'Anhui), son lieu de résidence. On le presse d'accepter un poste dans la fonction publique, il demande alors à être nommé préfet de Jiulou (le Tonkin actuel), dans l'espoir d'y trouver du cinabre, ingrédient considéré comme essentiel pour la fabrication de la drogue de l'immortalité. L'empereur Chengdi acquiesce à cette requête, mais Ge Hong est arrêté en chemin par le gouverneur du Guangdong, Deng Yue, qui désire l'adjoindre à sa cour provinciale. Resté dans le Guangdong, il se retire en ermite dans les monts Luofu, où il s'adonne aux pratiques taoïstes. Un jour, il adresse une lettre d'adieu à son geôlier officieux, s'assied en posture de méditation et meurt. Lors de son enterrement, on constate que son cercueil ne contient plus que ses vêtements, lui-même s'étant évadé du monde et ayant obtenu l'immortalité physique.

Les nombreux ouvrages philosophiques, médicaux, techniques et historiques de Ge Hong ne subsistent qu'en partie. Seule sa grande somme philosophique, le Traité ésotérique et exotérique du Maître qui embrasse la Simplicité (Baopuzi neipian et Baopuzi waipian), est incontestablement authentique. Le traité ésotérique (neipian), en vingt chapitres, traite du taoïsme, le traité exotérique (waipian) du confucianisme. L'œuvre a certainement été préservée grâce à la beauté du style plutôt que pour le contenu, jugé longtemps hétérodoxe.

Des deux traités c'est surtout le premier qui est devenu, de nos jours, une source d'information capitale sur les croyances et les pratiques taoïstes et populaires, ainsi que sur les théories et les techniques scientifiques de l'époque. Cette source est d'autant plus importante qu'elle est la seule qui donne un aperçu sur ces questions dans la Chine du Sud avant la date fatidique de 317, où l'influx des classes aristocratiques du Nord changea brusquement et définitivement la culture du Sud.

Dans son traité ésotérique, Ge Hong enseigne que l'immortalité physique est possible, non seulement à un nombre d'hommes prédestinés mais à tout un chacun, pourvu qu'il connaisse et comprenne les lois de la nature et s'y conforme. L'action cosmique peut être utilisée au profit de l'homme par différentes[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Kristofer SCHIPPER. GE HONG [KO HONG] (283-343) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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