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GAUTIER DE COINCI ou COINCY (1177-1236)

Successivement moine de Saint-Médard de Soissons, prieur à Vic-sur-Aisne, enfin grand prieur à l'église Saint-Médard, Gautier vit sous la protection de la haute noblesse, notamment des comtesses Ade de Soissons, et Marguerite de Blois. L'essentiel de son œuvre est rassemblé dans les deux parties d'un recueil comportant cinquante-huit Miracles de Notre-Dame, des chansons pieuses (il en dédie vingt-deux à la Vierge) et des sermons en vers. Les Miracles dérivent d'exempla latins et de légendes concernant les saints (comme saint Basile). Le schéma narratif de ces poèmes est presque toujours le même : un personnage (clerc, religieuse, chevalier, bourgeois ou même vilain) se distingue par sa vénération pour Marie ; arrivent la tentation et la vie dans le péché ; le repentir et la dévotion lui assureront le salut. À travers ces textes édifiants transparaissent parfois un souci de propagande locale (Les Miracles de Nostre-Dame de Soissons, d'après Hugues Faidit), mais surtout le pessimisme du moraliste qui critique sévèrement l'indifférence de ses contemporains en matière de religion. Ces idées sont développées avec élégance et pathétique dans la Doutance de la mort, méditation sur le mépris du monde (contemptus mundi) dont se souviendront bien des écrivains jusqu'à Villon. Les pièces lyriques révèlent un autre aspect de son talent : la compétence et la sensibilité d'un musicien qui sait transposer les chansons profanes et modeler une versification pieuse sur la mélodie. Si le lecteur moderne est un peu déçu par la pauvreté de l'imagination, il faut surtout apprécier la souplesse et le raffinement de ces imitations qui enrichissent l'expression du lyrisme religieux. C'est ainsi que le registre de la pastourelle sert à célébrer Marie, et non plus Marote, laissant les « sots chanter les sottes ». Jouant sur l'ambiguïté du vocabulaire amoureux, le poète exalte le culte de la Vierge : « Tous ses amants met au ciel et marie : Mout si fait bon marier a Marie ! »

— Daniel POIRION

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Daniel POIRION. GAUTIER DE COINCI ou COINCY (1177-1236) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COURTOISIE

    • Écrit par Universalis, Paul ZUMTHOR
    • 5 066 mots
    • 1 média
    ...marqua l'Europe entière jusqu'en plein xvie siècle. Tantôt enfin, la chanson s'évade dans le mysticisme. Un abbé soissonnais, grand poète, Gautier de Coinci († 1136), avait inauguré cette veine nouvelle en consacrant à la Vierge une série de chansons dont la forme est du type courtois le plus...

Voir aussi