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GARRETT JOÃO BAPTISTA DA SILVA LEITÃO DE ALMEIDA (1799-1854)

Vicissitudes d'un poète engagé

Ses études terminées en 1821, Garrett s'établit à Lisbonne, passe brillamment le concours du ministère de l'Intérieur et se voit promu peu après à la direction du Service de l'instruction publique, qu'il essaie de réorganiser. Un Caton, pièce de facture classique, remporte un vif succès en 1821, et un poème, O Retrato de Venus (Portrait de Vénus), donne lieu à un procès qui couronne sa célébrité. Il épouse Luísa Midosi, sœur d'un ami. Tout lui sourit quand la contre-révolution de 1823 l'oblige à s'exiler en Angleterre, où il est recueilli par un riche commerçant de Birmingham, probablement franc-maçon comme lui. La vie anglaise dont il fait l'expérience le séduit ; il semble fait pour en jouir. Il lit, traduit, mais surtout il écrit, de mai à juillet 1823, Camões, long poème inspiré par la vie du célèbre poète, qui marque le début du romantisme portugais. Aussitôt après, Garrett commence Dona Branca (La Princesse blanche), qu'il termine à la fin de 1823. Il quitte l'Angleterre pour s'établir en France, et fait imprimer ses deux poèmes, Camões en 1825 et Dona Branca en 1826. Malgré les difficultés matérielles, Garrett trouve le temps d'entreprendre une tragédie (perdue), travaille à son recueil de romances populaires, le Romanceiro, œuvre de pionnier, et compose en 1826, pour la maison Aillaud, son Bosquejo da história da poesia e língua portuguesa (Esquisse de l'histoire de la poésie et de la langue portugaises), encore aujourd'hui d'un intérêt certain.

Tout « fougueux sectaire des idées démocratiques » qu'il soit, il est autorisé à rentrer au Portugal en 1826. Avec son beau-frère, il fonde un journal, O Português (Le Portugais), puis un autre, O Cronista (Le Chroniqueur), qui les mènent bientôt en prison. Relâché peu après, Garrett se voit à nouveau contraint à l'exil par le régime absolutiste et il repart pour l'Angleterre en 1828. Il publie, en 1829, un Tratado da educação (Traité d'éducation), un recueil de poèmes, Lírica de João Mínimo (Poésies lyriques de Jean Minime), puis, l'année suivante, Portugal na balança da Europa (Portugal dans la balance européenne), ouvrage d'une éloquence enflammée, important pour la connaissance de son époque.

En 1832, simple soldat de la force expéditionnaire libérale qui, cernée dans Porto, subit un long siège, il assume les travaux administratifs dont il est chargé, tout en commençant un roman historique, O Arco de Sant'Ana (L'Arc de sainte Anne), dirigé contre l'oligarchie cléricale, « la plus pernicieuse de toutes ». Après une brève mission à Londres, Garrett rentre en 1833 pour participer aux travaux d'une commission chargée d'organiser l'instruction publique ; mais son dégoût de la politique l'incite à demander un poste diplomatique. Il est nommé chargé d'affaires à Bruxelles en 1834. Son séjour est une période d'humiliations et de déceptions. Sa femme le trahit ; il encourt le déplaisir de la reine du Portugal ; il est démis de ses fonctions et revient au pays en 1836. Il reprend sa carrière de journaliste et entre au Parlement où il se fait bientôt une réputation d'orateur. Brillant et spirituel, dandy, il règne dans les salons. D'une brève et heureuse liaison avec Adelaïde Pastor lui naît en 1841 une fille unique.

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Poitiers
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Ronny A. LAWTON. GARRETT JOÃO BAPTISTA DA SILVA LEITÃO DE ALMEIDA (1799-1854) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CASTILHO ANTÓNIO FELICIANO DE (1800-1875)

    • Écrit par Universalis
    • 388 mots

    Poète et traducteur portugais né le 28 janvier 1800 à Lisbonne, mort le 18 juin 1875 à Lisbonne.

    Bien qu'aveugle dès son enfance, António Feliciano de Castilho fait des études classiques et publie à seize ans une série de poèmes, de traductions et d'écrits pédagogiques. Sa carrière littéraire peut...

Voir aussi