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SCHLEIERMACHER FRIEDRICH DANIEL ERNST (1768-1834)

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L'influence de Schleiermacher

Le mérite de Schleiermacher avait été d'intégrer les principes de la théologie dans la culture de son temps. Sous la pression des événements, ses disciples n'arrivèrent pas toujours à réaliser la même performance. L'influence du maître se fait sentir dans trois écoles : l'école libérale, l'école confessionnelle et l'école de la conciliation.

L'école libérale prend le parti de l'absolue véracité. Elle soumet les textes bibliques à la critique historique et philosophique pour établir, au-delà de tout préjugé dogmatique, ce qui s'est effectivement passé. C'est dans son sein que fleurit l'abondante littérature constituée par les « vies de Jésus ». L'élaboration théologique ne doit pas, elle non plus, se laisser guider par des considérations dogmatiques. Il s'agit pour les théologiens de dégager l'essentiel, c'est-à-dire ce dont la foi vit et qui seul est à même de nourrir la piété des croyants.

L'école confessionnelle est née des réveils luthériens. Elle est bibliciste et renonce, pour la plus grande gloire du christianisme et pour le respect des mystères que Dieu n'a pas daigné révéler, à poser et à résoudre les doutes de la raison. Pour les tenants de cette école, la Bible et les écrits symboliques sont pure doctrine, vérité absolue. Il est bien évident qu'une telle position équivaut souvent à un retour au vieux supra-naturalisme. Néanmoins, l'Église apparaît ainsi comme un sûr rempart dans les troubles des temps présents.

L'école de la conciliation est à la fois plus modeste et plus modérée. Elle essaie de réconcilier la conscience scientifique moderne et les affirmations traditionnelles de la foi. Il va sans dire que ce but est rarement atteint et que, s'il l'est, c'est toujours sans forcer les convictions et sans entraîner l'adhésion unanime.

À la suite de Schleiermacher, tous ces théologiens considèrent la foi comme piété plus que comme savoir. Cette distinction libère le champ à la recherche historique et permet aux théologiens de travailler avec les mêmes méthodes que les autres savants. Pour tous, la théologie constitue un facteur culturel : elle vise à éduquer les croyants, à amener l'homme à un plein épanouissement de sa personnalité. Qu'il s'agisse là du dessein profond de Dieu et de la tâche propre à l'Église chrétienne, tous sont d'accord avec Schleiermacher pour le croire et le mettre en œuvre.

— Jean-Louis KLEIN

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Pour citer cet article

Jean-Louis KLEIN. SCHLEIERMACHER FRIEDRICH DANIEL ERNST (1768-1834) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • CRITIQUE LITTÉRAIRE

    • Écrit par et
    • 12 918 mots
    • 4 médias
    ...contexte, car le sens du texte se déduit à ses yeux des circonstances de son apparition. Cet axiome a été formalisé par l' herméneutique philologique, dont Schleiermacher fut le fondateur en Allemagne, expliquant le texte par son contexte d'origine, et postulant qu'on peut reconstruire ce contexte par la discipline...
  • DIALECTIQUE, notion de

    • Écrit par
    • 1 610 mots
    Friedrich Daniel Ernst Schleiermacher propose néanmoins, dans sa Dialectique (1836), une vision davantage tournée vers la construction d'une communauté, par un partage du discours grâce au langage. Il envisage la dialectique comme structure relationnelle du langage, qui permet un accès au savoir par...
  • HERMÉNEUTIQUE

    • Écrit par
    • 3 294 mots
    • 3 médias
    Souvent considéré comme le père de la philosophie herméneutique moderne, Friedrich Schleiermacher (1768-1834) assigne à celle-ci un rôle assez modeste dans son système des savoirs philosophiques. Dans ses Leçons sur l'herméneutique (1804-1830) dispensées d'abord à Halle, puis à Berlin, il...
  • INTERPRÉTATION (notions de base)

    • Écrit par
    • 3 579 mots
    ...comprendre le tout, il faudrait avoir compris chacune des parties. Toute interprétation supposerait donc une précompréhension. C’est ce que remarquait Friedrich Schleiermacher (1768-1834), philosophe de la période romantique qui fut l’un des premiers à avoir mis l’interprétation au cœur de ses réflexions :...