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RASPAIL FRANÇOIS VINCENT (1794-1878)

Né à Carpentras, séminariste à Avignon, le jeune François Vincent Raspail prend parti pour Napoléon lors des Cent-Jours ; il ne lui reste plus, après Waterloo, qu'à quitter le pays pour venir étudier les sciences naturelles à Paris. Dès lors, toute sa vie sera consacrée à une double activité scientifique et politique, qu'il n'acceptera jamais de dissocier.

Le principal titre de gloire du savant sera d'être le fondateur de la cytochimie. En effet, il introduit l'utilisation des tests chimiques dans la technique microscopique et identifie ainsi les protéines par un procédé encore utilisé de nos jours. Son principal titre de célébrité immédiate sera d'avoir sauvé la vie de l'accusée au célèbre procés de Marie Lafarge, en 1840, lorsque, expert de la défense, il affirme que la présence de l'arsenic dans un corps n'est pas nécessairement due au poison.

Mais le chercheur se double d'un médecin qui entend se vouer au service des plus humbles. Il préconise une médecine populaire, met au point une thérapeutique à base de camphre, publie des ouvrages pédagogiques, Le Médecin des familles (1843) et Manuel de la santé (1846), qui connaissent une diffusion considérable. Cet aristocrate de la culture et de la pensée, aux curiosités très variées, au style volontiers recherché, aux nombreuses amitiés internationales dans l'élite de son temps, veut d'abord être le médecin des pauvres. Et il consacre plusieurs ouvrages à dénoncer la pénurie et les souffrances de la classe ouvrière. On comprend le prestige et la popularité dont Raspail jouit légitimement auprès des masses. Ardent républicain dès la Restauration, combattant des Trois Glorieuses (il y est blessé), il refuse de s'accommoder de la monarchie bourgeoise. Il poursuit le combat dans les sociétés secrètes ; il est condamné en 1832 au procès de la Société des amis du peuple, qu'il préside ; emprisonné, il tirera de sa longue détention sa Réforme pénitentiaire. Lettres sur les prisons, qu'il publie en 1839. À cette date, il a changé de méthodes sans renoncer à ses objectifs et milite au grand jour, notamment dans son journal, Le Réformateur.

Le 25 février 1848, il proclame la République à l'Hôtel de Ville. Il fonde un nouveau journal, L'Ami du peuple (reprenant le titre de Marat, comme lui médecin des pauvres et militant révolutionnaire), il fonde aussi un club. Il pourrait devenir le chef de l'extrême gauche, mais il manque des dons de l'orateur, des aptitudes de l'homme d'État et des habiletés du manœuvrier. Opposant, il n'évite pas l'arrestation après la journée du 15 mai (il sera condamné à six ans de prison) ; en décembre 1848, les socialistes en font leur candidat à la présidence de la République (il n'obtient pas même 40 000 voix).

Sa peine ayant été commuée en bannissement, Raspail se retire à Bruxelles, d'où il rentre en 1863 ; mais c'est pour reprendre le combat L'âge n'a tempéré ni sa vigueur ni ses convictions : il se retrouve opposant aux premiers gouvernements de la IIIe République comme à tous les régimes précédents depuis 1815 ; député de Marseille, il meurt après plus de soixante ans d'activité militante sans compromission ni lassitude.

— Pierre GUIRAL

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Pierre GUIRAL. RASPAIL FRANÇOIS VINCENT (1794-1878) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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