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BLONDEL FRANÇOIS (1618-1686)

Maréchal de camp en 1652, ingénieur militaire et diplomate, François Blondel se consacre définitivement à l'architecture après 1669, quand il est désigné pour diriger les ouvrages publics de Paris. Grand voyageur (il visite l'Europe et l'Orient), Blondel se voit confier d'importants travaux d'édilité et de fortifications dans certaines villes de l'ouest et du sud-ouest de la France (pont et arc de triomphe à Saintes, 1665 ; plan de la ville et arsenal de Rochefort, 1666) ainsi qu'aux Antilles où il est envoyé en mission en 1664. Homme de science, il avait été nommé lecteur de mathématiques au Collège de France (1656) ; en 1669, il était membre de l'Académie des sciences. En 1670-1671, Blondel donne les plans de plusieurs portes monumentales de Paris (porte Saint-Denis, porte Saint-Bernard, porte Saint-Antoine) ; c'est à cette date qu'il est choisi par Louis XIV pour diriger l'Académie d'architecture qui vient d'être fondée, sous l'impulsion de Colbert. On mesurera l'importance de cette charge si l'on sait que l'Académie avait un triple rôle : élaborer une doctrine officielle de l'architecture, puis l'enseigner aux élèves choisis pour être formés par ses professeurs et, enfin, contrôler toutes les grandes entreprises du royaume et donner un avis sur elles. Véritable théoricien, Blondel fonde sa doctrine sur la raison qui doit diriger l'architecte et justifier ses créations. Cette démarche toute cartésienne n'avait cependant rien d'exclusif, et la théorie ne prit en fait jamais le pas sur la pratique : Blondel lui-même était un constructeur, et sa porte Saint-Denis demeure le témoignage, non seulement de cette rigoureuse harmonie prônée par le directeur de l'Académie, mais encore d'une imagination riche en contrastes. La grandeur (réelle) et l'équilibre d'un monument ont rarement été en aussi intime concordance avec la variété et la plasticité de la sculpture qui l'accompagne (due au ciseau de François Anguier). Peu de théoriciens ont, en définitive, édifié une œuvre aussi proche de leur idéal. Blondel, respectueux de l'antique, n'hésite pas cependant à s'en éloigner, et rien ne ressemble moins à un arc de triomphe romain que la porte Saint-Denis. Blondel n'écrivait-il pas : « Je ne suis pas de ceux qui ne veulent rien souffrir dans l'architecture dont on n'ait quelque exemple dans les ouvrages antiques. Je sçais au contraire qu'il y a beaucoup de choses dans ces bâtiments des Anciens dont je ne voudrais jamais conseiller l'usage » (Cours, II, 250). Blondel, qui éleva encore à Paris l'hôtel de Rouillé (rue des Poulies) et le chœur de l'église Saint-Laurent, doit surtout sa célébrité à ses écrits : son Cours d'architecture, publié en 1675, est réédité quatre fois en dix ans ; il servira de manuel aux jeunes architectes de l'Académie jusqu'au milieu du xviiie siècle.

— Daniel RABREAU

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux

Classification

Pour citer cet article

Daniel RABREAU. BLONDEL FRANÇOIS (1618-1686) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CLASSIQUE ARCHITECTURE

    • Écrit par Claude MIGNOT
    • 4 847 mots
    • 5 médias
    ...au sens littéral, la naissance du grand style et l'idéal atticiste de l'architecture (« cette beauté naturelle et simple de la belle architecture »), François Blondel souligne ainsi que « le goût du temps dans lequel cet auteur a écrit était de remplir les façades des bâtiments, non seulement de colonnes...

Voir aussi