Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BOISSY D'ANGLAS FRANÇOIS ANTOINE (1756-1826) comte d'Empire (1808)

Avocat au parlement de Paris et maître d'hôtel du comte de Provence avant la Révolution, Boissy d'Anglas siège à la Constituante parmi les Constitutionnels modérés ; député à la Convention, il vote contre la mort de Louis XVI et reste toujours le même modéré ; suivant ses goûts, chacun peut le dire insignifiant comme les irrésolus de la « Plaine », couard comme les « crapauds du Marais », important comme les penseurs nantis du « Ventre », tout cela étant vrai, en somme. C'est un personnage parfaitement incolore, dont l'opinion entraîne de nombreuses voix du centre et qui joue pour cela, simplement en laissant faire, un rôle déterminant dans l'événement du 9-Thermidor. Il préside la Convention quand elle est envahie par le peuple aux journées de prairial an III ; les manifestants lui présentent la tête du député Féraud à la pointe d'une pique ; le président salue gravement et garde un silence circonspect ; suivant les goûts de chacun, on pourra dire qu'il a salué les insurgés ou la tête de son collègue martyr. Un mois plus tard pourtant, le 23 juin 1795, le prudent, le silencieux Boissy d'Anglas mérite de passer à la postérité pour son rapport sur la Constitution de l'an III ; il y déclare notamment : « Nous devons être gouvernés par les meilleurs [c'est-à-dire] ceux qui possèdent une propriété, sont attachés à la tranquillité qui la conserve, et qui doivent à cette propriété, et à l'aisance qu'elle donne, l'éducation qui les a rendus propres à discuter avec sagacité et justesse... Un pays gouverné par les propriétaires est dans l'ordre social, celui où les non-propriétaires gouvernent est dans l'état de nature. » La carrière politique de Boissy d'Anglas se poursuivra avec honneur, toujours au centre droit ou gauche, sans péril, sous divers gouvernements de propriétaires, sénateur sous l'Empire, pair de France sous la Restauration. Septuagénaire, se sera-t-il souvenu encore, à son lit de mort, de la seule phrase profonde, lapidaire et angoissée, qu'une sorte de stupeur lui avait comme arrachée en 1795 : « Nous avons vécu six siècles en six années ! »

— Jean MASSIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean MASSIN. BOISSY D'ANGLAS FRANÇOIS ANTOINE (1756-1826) comte d'Empire (1808) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PATRIMOINE, art et culture

    • Écrit par Jean-Michel LENIAUD
    • 13 211 mots
    • 3 médias
    ...culturelles : bibliothèques, archives, musées d'histoire naturelle et des beaux-arts. Et c'est dans celles-ci que doivent être apportés, explique Boissy d'Anglas (1756-1826) à la Convention, tous les chefs-d'œuvre de l'Univers : le siège de la Liberté doit être aussi le lieu du génie. En dépit de...

Voir aussi