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VEBER FRANCIS (1937- )

Né à Neuilly-sur-Seine en 1937, Francis Veber, après des études interrompues de médecine puis de sciences, est d'abord reporter à Radio Luxembourg ; il rédige bientôt des sketches pour Guy Bedos et, dans de nombreux magazines (Lui, Marie-France...), des nouvelles dont Le Jouet qui fournira le sujet de son premier long-métrage comme réalisateur. Au théâtre il écrit plusieurs pièces qui seront adaptées par la suite au cinéma : L'Enlèvement deviendra Appelez-moi Mathilde (Pierre Mondy, 1969), Le Contrat s'intitulera L'Emmerdeur (Edouard Molinaro, 1973). Francis Veber est aussi scénariste à la télévision (le feuilleton Agence intérim en 1969) et passe au cinéma où il occupe rapidement une place de choix parmi les collaborateurs des metteurs en scène d'un cinéma grand public de qualité : Georges Lautner (Il était une fois un flic, 1972 ; La Valise, 1973 ; On aura tout vu, 1976), Edouard Molinaro (après L'Emmerdeur : Le Téléphone rose, 1975 ; La Cage aux folles, 1978 ; Cause toujours, tu m'intéresses, 1979 ; La Cage aux folles 2, 1980), Yves Robert (Le Grand Blond avec une chaussure noire, 1972 ; Le Retour du grand blond, 1974), mais aussi Philippe de Broca (Le Magnifique, 1973, non crédité), Henri Verneuil (Peur sur la ville, 1975), Jean-Jacques Annaud (Coup de tête, 1980) ou Alexandre Arcady (Hold-up, 1985)...

En 1976, Francis Veber décide de mettre dorénavant en scène lui-même ses scénarios, soignant les rouages de la mécanique comique (situations, structure du récit) et offrant à ses interprètes des personnages hauts en couleur propices à des numéros d'acteurs savoureux garants des succès de box-office. Il n'hésite d'ailleurs pas à reprendre les mêmes comédiens comme les recettes dramatiques les plus classiques et préfère insister sur chaque gag que travailler le rythme.

Dans ce créneau de la comédie privilégié par le cinéma commercial national, l'originalité de Veber est d'avoir créé un personnage de farfelu malhabile et fragile – François (d'abord Perrin, puis Pignon) – qu'il fait revenir pratiquement dans chaque film sous plusieurs visages. C'est d'abord Pierre Richard à quatre reprises (Le Jouet, 1976 ; La Chèvre, 1981 ; Les Compères, 1983 ; Les Fugitifs, 1987) dont trois fois en duo avec Gérard Depardieu dans le rôle du rouleur d'épaules au caractère emporté. Après la direction de remakes aux États-Unis (non distribués en France) et un essai de renouvellement du genre (les aventures en Amazonie avec Jean Reno et Patrick Bruel que conte Le Jaguar, 1995), le retour de François Pignon sous les traits de Jacques Villeret fait un triomphe dans une comédie douloureuse mais hilarante sur le mépris : adapté de sa pièce, qui a déjà connu un énorme succès sur scène, Le Dîner de cons attire 10 millions de spectateurs en 1998 (second au box-office derrière Titanic avec 20 millions). En 2000 Veber prend un regard de moraliste ironique quand Pignon (Daniel Auteuil), timide comptable, évite le licenciement parce que son voisin fait astucieusement courir le bruit qu'il est homosexuel (Le Placard) !

Tais-toi ! (2003) remodèle le tandem des débuts. Cette fois, c'est Gérard Depardieu qui reprend le personnage de Pierre Richard (tiré d'ailleurs du côté de Bourvil) face à Jean Reno en faire-valoir. Dans La Doublure (2005), François Pignon (Gad Elmaleh) est engagé pour s'afficher avec un top model afin d'innocenter un mari infidèle (Daniel Auteuil). Si ces derniers films ne sont pas boudés par le public, néanmoins on a l'impression que la machine fonctionne moins bien. La figure du couple comique ayant été déclinée sous toutes ses formes, on attend un renouvellement en profondeur de ressorts du rire dans ces comédies de moins en moins loufoques.

Francis Veber a publié ses Mémoires, Que ça reste entre nous (2010).[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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Pour citer cet article

René PRÉDAL. VEBER FRANCIS (1937- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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