BELAÚNDE TERRY FERNANDO (1912-2002)
Né à Lima (Pérou) dans une famille de la haute bourgeoisie, Fernando Belaúnde Terry est conduit par suite de l'exil de son père, qui fut Premier ministre, à poursuivre ses études secondaires à Paris, puis à l'université du Texas, où il obtient son diplôme d'architecte. De retour dans son pays, il est député de 1945 à 1948 et candidat aux élections présidentielles de 1956. Il fonde l'Action populaire, conclut une alliance avec les démocrates-chrétiens et est installé à la présidence en 1962 à la suite d'un coup d'État militaire, que les militaires justifient par le désir d'interdire l'accès au pouvoir de la gauche, mais qui traduit en réalité un barrage dressé contre Haya de La Torre. Belaúnde sera évincé cinq ans plus tard par ces mêmes militaires.
Le mouvement A.P.R.A. (Alianza popular revolucionaria americana), fondé en 1924 à Paris par Victor Raul Haya de La Torre, s'était dès le début déclaré antiaméricain et avait proclamé sa vocation sociale, préconisant la nationalisation des terres et la défense des Indiens. Comme le populisme apriste, celui de Belaúnde visait à réintégrer dans la vie nationale la masse des exclus ; toutefois les apristes prédominaient dans la région sucrière de la côte nord du pays, tandis que les belaúndistes l'emportaient à Lima et à Callao, dans la région la plus moderne et la plus développée, et dans le sud du Pérou, région agricole arriérée. Préconisant une réforme agraire assez radicale, méfiant à l'égard de l'aide extérieure — il accepte toutefois l'aide économique et l'assistance militaire des États-Unis —, Belaúnde s'est attiré un temps à la fois les sympathies de la gauche péruvienne et celles des conservateurs. Mais le capital de confiance dont il bénéficiait au début de son mandat avait été érodé successivement par une mauvaise gestion financière, par des investissements publics parfois imprudents, causes de déficit budgétaire, et par un blocage croissant de l'institution parlementaire ; de plus, à partir de 1965, une partie de l'extrême gauche, fascinée par le modèle cubain, engageait une guérilla qui, sévèrement réprimée, détachait les intellectuels du parti de Belaúnde ; l'armée, désormais, se considérait comme le « dernier recours » et, le 3 octobre 1968, dix mois avant la fin de son mandat, déposait le président Belaúnde par un coup d'État conduit par le général Juan Velasco Alvarado.
Anticommunistes et nationalistes, les militaires du nouveau gouvernement Alvarado annulent l'accord par lequel l'International Petroleum Company avait négocié avec le président Belaúnde la nationalisation des gisements de la Brea y Pariñas. Il est notamment reproché au président de n'avoir pas exigé de la compagnie pétrolière une compensation financière, alors qu'elle a exploité les gisements de 1924 à 1968 ; la junte exige de Washington un milliard de dollars.
Exilé aux États-Unis, Belaúnde regagne son pays en 1976. Quatre ans plus tard, il remporte l'élection présidentielle devant quatorze autres candidats. Il rétablit la liberté de la presse, mais se trouve confronté à un taux d'inflation très élevé, à une énorme dette extérieure et à de violentes attaques du Sentier lumineux. Le mécontentement suscité par ses mesures d'austérité et par son incapacité à contrôler les militaires dans leur lutte contre les terroristes a pour conséquence une défaite écrasante aux élections de 1985.
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Écrit par
- Gérard PONTHIEU : journaliste
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...gaudensqui s'employait à faire monter les enchères à son profit. Il est vrai que parmi les trois candidats, Hernando de Lavalle, Manuel Prado, Fernando Belaúnde, ce dernier se comporta comme l'outsider qui, par sa présence, dérangeait les calculs des milieux conservateurs et des politiciens traditionnels....