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FÁTIMA

Fátima - crédits : George Pickow/ Hulton Archive/ Getty Images

Fátima

Petite ville portugaise, située sur les plateaux d'Estrémadure (district de Santarém), Fátima est devenue un lieu de pèlerinage qui est (comme le site de Lourdes, avec lequel il rivalise en célébrité) une des expressions les plus massives et les plus populaires du développement (contesté jusqu'au sein du catholicisme lui-même) de la dévotion à la Vierge Marie. Ce pèlerinage a pour origine les apparitions dont se déclarèrent gratifiés, en 1917, trois enfants de la localité, Lucia dos Santos, alors âgée de dix ans, et ses deux cousins, Francisco et Jacinta Marto. Le 13 mai, tandis qu'ils récitaient pieusement leur chapelet en gardant un petit troupeau à la Cova da Iria, ils eurent la vision d'une femme très belle qui leur demanda de revenir le 13 de chaque mois jusqu'au 13 octobre, date à laquelle elle promettait de leur dire qui elle était et ce qu'elle voulait. Les enfants retournèrent donc sur le même lieu aux jours indiqués, avec une foule à chaque fois plus nombreuse. Le 13 octobre, l'apparition se fit connaître comme étant Notre-Dame du Rosaire et comme étant chargée d'appeler les fidèles à changer de vie et à réciter régulièrement le chapelet. En outre, ce jour-là, alors que la foule comptait entre 50 000 et 70 000 personnes, de très nombreux assistants déclarèrent avoir vu, comme les enfants eux-mêmes, le Soleil tournoyer dans le ciel pendant une dizaine de minutes — événement qui, s'il est difficile d'y voir une hallucination collective (étant donné qu'il frappait tant de gens et de manière relativement prolongée), serait à considérer comme un phénomène atmosphérique local plutôt que comme un phénomène solaire.

Un autre problème s'est posé non seulement à l'esprit critique des historiens mais aussi aux autorités ecclésiastiques chargées d'examiner l'ensemble de l'affaire : il s'agit du fameux « secret » que « la dame » — le 13 juillet 1917, donc avant de faire connaître son identité — aurait communiqué aux jeunes visionnaires et sur lequel Lucia n'apporta quelques lumières qu'une vingtaine d'années après les événements. Pour l'essentiel, la Vierge, après une évocation dantesque de l'enfer, aurait déclaré : « Si l'on écoute mon invitation, la Russie se convertira et il y aura la paix. Sinon, ce pays répandra ses erreurs dans le monde et provoquera des guerres et des persécutions [...]. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et un temps de paix sera accordé au monde. » La teneur de ce message révélé si tardivement par la voyante semble avoir été marquée comme après coup par les expériences les plus récentes de celle-ci, en particulier par le rôle que joua l'U.R.S.S. dans la guerre civile d'Espagne et qui avait beaucoup frappé les esprits au Portugal.

Malgré une longue perplexité, comme toujours dans de tels cas, l'Église en vint, le 13 octobre 1930, à la suite d'un minutieux procès canonique et par le truchement de l'évêque du lieu (Leiria), à déclarer « dignes de foi » les visions des trois enfants et à « autoriser solennellement le culte de Notre-Dame de Fátima ». Les papes eux-mêmes encouragèrent le pèlerinage, surtout Pie XII, qui marqua une ferveur appuyée pour celui-ci à la fois dans sa piété personnelle et par des actes publics, notamment en consacrant, le 7 juillet 1952, au Cœur immaculé de Marie, « tous les peuples de Russie ». Depuis la Seconde Guerre mondiale principalement, la dévotion populaire a pris à Fátima des proportions considérables, attirant chaque année des centaines de milliers de pèlerins du monde entier. Une grande basilique a été construite sur le site des apparitions. On y a aménagé une très vaste esplanade, entourée de couvents, mais en veillant à tenir à bonne distance les installations[...]

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Écrit par

  • : éditeur en philosophie, histoire des religions, sciences humaines; ancien élève titulaire de l'École pratique des hautes études

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Pour citer cet article

Charles BALADIER. FÁTIMA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Fátima - crédits : George Pickow/ Hulton Archive/ Getty Images

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