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ESPAGNE (Le territoire et les hommes) Économie

Capitale

Madrid

    Unité monétaire

    Euro (EUR)

      Population (estim.) 48 736 000 (2024)
        R.N.B. par habitant (USD) 31 680 $ (2022)

          Les contrecoups politiques et sociaux de la crise espagnole

          En 2013-2014, près de sept ans après le déclenchement de la crise, force est de constater que ces processus économiques et financiers interdépendants ainsi que l’intervention des acteurs publics et privés, mus par des logiques et des intérêts différents, ont modifié durablement le panorama général de l'activité économique en Espagne.

          Crise de liquidités et transferts de capitaux

          Malgré la perfusion financière de la B.C.E., la circulation du crédit ne retrouve pas son niveau d’avant la crise. La récession a provoqué une fuite des capitaux vers les places étrangères. Cependant, les entreprises qui le pouvaient se sont tournées vers l'Europe, qui absorbe 65 p. 100 des exportations, ainsi que vers les marchés émergents (Amérique du Sud, mais aussi États-Unis, Maghreb et pays du golfe Persique). La baisse du coût de la main-d'œuvre, la forte chute de la consommation de biens d'équipements (importés pour l’essentiel), la bonne tenue du secteur touristique, tous ces éléments dopent la balance des comptes courants. En 2013, son solde redevient positif d’environ 7 milliards d'euros.

          Certes, en 2013, beaucoup d’éléments négatifs assombrissent encore le paysage. Le manque de liquidités – et de trésorerie – complique encore la vie des petites et moyennes entreprises espagnoles (la très grande majorité du tissu productif), qui restent fragiles et aiguisent l'appétit des fonds spéculatifs internationaux. Certaines entreprises doivent céder une portion de leurs parts pour survivre ou investir. D'autres sociétés, par exemple les compagnies immobilières, les bureaux d'ingénierie du B.T.P., toutes ces entreprises qui avaient été saisies par les banques à l'époque de l'explosion de la bulle, sont revendues à des fonds étrangers, quelquefois basés dans des paradis fiscaux. Les banques espagnoles sont forcées à ces cessions rapides, car elles sont surveillées à la loupe par la B.C.E. et doivent absolument augmenter leurs fonds propres. Les années 2013 et 2014 ouvrent une période d'intenses rachats d'actifs immobiliers, mais aussi d'entreprises fragilisées par des questions de trésorerie. Des groupes industriels et des fonds de pensions issus d'Asie, d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud rachètent de grands hôtels de luxe, des centres commerciaux, des parcs industriels et logistiques, des surfaces de bureaux vides ou occupés... tout ce qui, dans une future période de reprise, sera profitable. En revanche, le stock du million de résidences du bord de mer, qui a déjà perdu presque 60 p. 100 de sa valeur, reste invendable, malgré les efforts de la S.A.R.E.B.

          La récession au risque des politiques d'ajustement

          La crise entraîne un appauvrissement généralisé de la population et une précarisation du marché du travail. L'économie souterraine (on l’évalue alors à plus de 20 p. 100 de l'activité) et la solidarité intrafamiliale permettent à bien des ménages de survivre. Cependant, l'explosion du chômage (plus de 5,9 millions de chômeurs en décembre 2013) crée une profonde fracture dans la société espagnole. Le P.I.B. par habitant enregistre une baisse de 6,6 p. 100 entre 2008 et 2012, et repasse sous la moyenne européenne – alors qu'il l’avait dépassé de 5 p. 100 au début des années 2000. Les inégalités sociales se creusent : selon l'O.C.D.E., l'Espagne est le pays dans lequel le dixième de population le plus défavorisé a connu la plus forte perte de revenu (13,7 p. 100), tandis que le dixième le plus aisé a amorti le choc avec une perte de revenu inférieure à 2 p. 100.

          Dans de nombreux ménages, tous les adultes en âge de travailler sont au chômage depuis trop longtemps pour bénéficier d’une indemnisation. Ils doivent vivre sans aucun revenu.[...]

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          Écrit par

          • : professeure des Universités, agrégée de géographie, habilitée à diriger des recherches
          • : économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (O.F.C.E.)

          Classification

          Médias

          Espagne : chômage depuis 1970 - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Espagne : chômage depuis 1970

          Espagne : emploi par secteur d'activité - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Espagne : emploi par secteur d'activité

          Espagne : P.I.B. par habitant - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Espagne : P.I.B. par habitant