Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GALA ELENA DIMITROVNIE DIAKONOVA dite (1892 env.-1982)

Gala existe surtout comme figure tutélaire du surréalisme, à l'interférence des œuvres de Paul Eluard, de Max Ernst et de Salvador Dalí.

Née vers 1892, Elena Dimitrovnie Diakonova, fille d'un avocat russe, étudiante, soigne une affection pulmonaire (ou psychique, selon La Vie secrète de Salvador Dalí) au sanatorium de Clavadel, près de Davos. Elle y rencontre en décembre 1912 Paul-Eugène Grindel, le futur Eluard, alors âgé de dix-sept ans, qui soigne une hémoptysie, et se déclare vite son « disciple ». La sympathie débouche sur une exaltation passionnée et sur un engagement qui persistera après que Paul eut regagné Paris et Gala la Russie, en 1914. Le poète devenu soldat finit par vaincre l'opposition de ses parents : Gala arrive à Paris en septembre 1916 pour épouser son fiancé le 21 février 1917. Elle met au monde une fille, Cécile, le 11 mai 1918. Elle communique à son mari son amour de Dostoïevski, traduit avec lui les Petits Tréteaux d'Alexandre Blok (le texte en est perdu), participe aux saisons dada, joue un rôle dans S'il vous plaît de Breton et Soupault en 1920, assiste aux « séances de sommeil » de 1922. En novembre 1921, le couple Eluard rencontre Max Ernst à Cologne, et c'est un coup de foudre réciproque. Une vie à trois s'ensuivra, au Tyrol puis à Paris où Ernst arrive en septembre 1922. En mars 1924, une crise complexe met fin à cette situation : Eluard disparaît pour une fugue qui le mènera autour du monde ; Max Ernst et Gala le rejoignent à Saigon et les Eluard rentrent seuls. Leur mariage tiendra encore cinq ans. L'été de 1929, au cours de vacances à Cadaquès, le jeune Salvador Dalí est fasciné par Gala, qui prend en main sa destinée ; elle divorce, et sa fille est confiée aux grands-parents Grindel.

À compter de cette date, la vie de Gala se confond avec celle de Dalí, qu'elle épouse civilement en 1942 et religieusement en 1958. Elle réalise des objets surréalistes (no 3 du Surréalisme au service de la révolution, déc. 1931), aménage le domaine de Port-Lligat ; mais c'est surtout dans l'organisation dévouée et pugnace de la carrière du peintre et la gestion de sa réussite que réside sa contribution à l'art moderne.

Belle, mais surtout intensément vivante, secrète et abrupte, Gala fut une de ces « emmerderesses » dont parle Valéry. Elle exerça un ascendant puissant sur ceux qu'envoûtaient son charme slave, ses silences, ses larmes et ses explosions dramatiques. Ce cadre posé, on peut observer les images qu'ont données d'elle les créateurs. Gala est partout présente dans l'œuvre d'Eluard de 1913 à 1932, et la nostalgie de l'idylle ancienne hante bien des poèmes postérieurs. Cela commence par le marivaudage juvénile du Dialogue des inutiles (1914), passe par l'épithalame naïf et touchant des Poèmes pour la paix (1918), culmine dans l'adoration inquiète et mystiquement charnelle d'une muse versatile, à la fois idéale et démoniaque (Capitale de la douleur, 1926 ; L'Amour, la poésie, 1929), et agonise dans l'esseulement de L'Univers-solitude (À toute épreuve, 1930) et de Nuits partagées (La Vie immédiate, 1932). Subjugué, désarmé, le poète oscille entre la jubilation nuptiale et le désespoir de l'incommunicabilité.

Gala est la seule femme qui figure sur la célèbre toile de Max Ernst Au rendez-vous des amis (1922). Idole mystérieuse, elle passe dans l'œuvre du peintre entre 1922 et 1925, en grands nus triomphants (La Belle Jardinière, 1923 ; Fresques de la maison d'Eaubonne, 1923), en dessins qui la multiplient (illustrations de Au défaut du silence d'Eluard, 1925), et en portraits énigmatiques, comme celui qui est reproduit dans Voir d'Eluard ou celui de la collection Muriel Kalis Newman à Chicago. Le culte que Salvador Dalí organisa sans défaillance autour[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur d'État, assistant agrégé de littérature française à l'université de Grenoble-III

Classification

Pour citer cet article

Jean-Charles GATEAU. GALA ELENA DIMITROVNIE DIAKONOVA dite (1892 env.-1982) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DALÍ SALVADOR (1904-1989)

    • Écrit par Guitemie MALDONADO
    • 2 749 mots
    • 2 médias
    ...et sexuelles, fantasmes de pénétration et peur de la castration. Séjournant à Cadaquès, il est rejoint par Magritte, Camille Goemans, Eluard et sa femme Gala, dont il tombe amoureux. Elle le guérira de ses violentes crises nerveuses et deviendra pour le reste de sa vie son modèle et son inspiratrice. Alors...