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SCHIELE EGON (1890-1918)

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Du cerne gothique à la veine réaliste

Autoportrait, E. Schiele - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Autoportrait, E. Schiele

Le séjour en prison, aussi bref soit-il, a beaucoup marqué l'artiste qui prend soudain conscience que la provocation ne va pas sans risque. Par ailleurs, ses œuvres connaissent un succès croissant en Autriche et en Allemagne : il est appelé à participer à des expositions collectives, mécènes et collectionneurs s'intéressent à lui. Autant de facteurs qui vont amener un changement de manière, perceptible dès 1912 et qui s'accentue à partir de 1913. L'artiste se raidit, contrôle davantage ses émotions. Le trait devient plus dur, la ligne plus anguleuse, le motif plus construit. Les visages perdent de leur expressivité, deviennent plus hiératiques. Les peintures aux formes cernées rappellent les vitraux des cathédrales gothiques, tandis que Schiele se représente sous les traits d'un moine au côté de Klimt. Dans ses autoportraits sur papier il ressemble à ces saints souffrants qu'on peut voir sur les bas-reliefs en bois sculpté des églises autrichiennes. L'art gothique a visiblement inspiré l'artiste. Il ne s'agit pas ici de piétisme mais plutôt de la volonté de capter la ferveur doloriste de la religiosité populaire.

<it>Femme de l'artiste, assise</it>, E. Schiele - crédits :  Bridgeman Images

Femme de l'artiste, assise, E. Schiele

L'évolution de sa vie privée et la pression des événements extérieurs vont amener Schiele à infléchir son style une nouvelle fois. En décidant d'abandonner l'ardente et populaire Wally Neuzil pour épouser, en juin 1915, la paisible et bourgeoise Edith Harms, Schiele opte pour une vie plus harmonieuse et moins tourmentée. La Première Guerre mondiale qui vient de débuter fait en outre régner une atmosphère de gravité, qui n'incite ni aux outrances ni aux recherches formelles. L'artiste, bénéficiant de la mansuétude des autorités militaires, échappe cependant à la mobilisation et ne sera affecté, à la fin du conflit, qu'à des tâches administratives. Le trait de Schiele devient infiniment plus précis, la perspective moins heurtée, tandis qu'apparaît le modelé. Même les scènes érotiques perdent de leur fièvre et traduisent un apaisement. Les portraits sont de plus en plus réalistes, certains même parfaitement classiques.

<it>Edith Schiele assise en robe rayée</it>, E. Schiele - crédits : AKG-images

Edith Schiele assise en robe rayée, E. Schiele

<it>Femme allongée aux collants verts</it>, E. Schiele - crédits : AKG-images

Femme allongée aux collants verts, E. Schiele

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Pour citer cet article

Yves KOBRY. SCHIELE EGON (1890-1918) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Médias

<it>Autoportrait</it>, E. Schiele - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Autoportrait, E. Schiele

<it>L'Étreinte</it>, E. Schiele - crédits :  Bridgeman Images

L'Étreinte, E. Schiele

<it>Nu couché</it>, E. Schiele - crédits : AKG-images

Nu couché, E. Schiele

Autres références

  • GRAINVILLE PATRICK (1947- )

    • Écrit par
    • 1 096 mots
    • 1 média
    Patrick Grainville est sensible à l’intrication de la vie et de la mort qu’il repère dans l’œuvre du peintre autrichien Egon Schiele (1890-1918), vouée jusqu’à l’excès à la passion des extrêmes. Dans l’ouvrage qu’il lui consacre (Egon Schiele, 1992, rééd. sous le titre L’Ardent...