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YOUNG EDWARD (1683-1765)

Fils d'un ecclésiastique du Hampshire, Edward Young fait d'abord ses études à Oxford, puis il suit le duc de Wharton ; il écrit alors des tragédies assez verbeuses et déclamatoires, qui manquent totalement d'intensité dramatique et de sens du théâtre. En 1727, déçu dans ses ambitions, il entre dans les ordres et obtient le bénéfice pastoral de Welwyn. Les morts successives de la fille et du gendre de sa femme, puis de sa femme elle-même en 1741, inspirèrent son œuvre principale La Plainte ou Pensées nocturnes sur la vie, la mort et l'immortalité (The Complaint, or Night Thoughts on Life, Death and Immortality, 1742-1745) qui connut un succès très important tant en Angleterre que sur le continent, spécialement en France et en Allemagne. Ce succès fut encore augmenté de l'influence qu'exerça sa principale contribution à la critique littéraire, Réflexions sur la composition originale (Conjectures on Original Composition, 1759), adressées à son ami Samuel Richardson : il y défend une liberté totale de l'image et de l'idée, dégagée des canons classiques, et y oppose radicalement l'originalité puissamment créatrice à la règle sclérosante et impersonnelle.

Quoique né à la fin du xviie siècle, Young est généralement considéré comme un représentant typique du préromantisme. De lui proviennent les thèmes de la mélancolie religieuse, du destin, de la mort sans cesse menaçante et parfois désirée. Mais surtout Young modifie considérablement l'ordre poétique en faisant du moi et de la sensibilité la matière principale du poème. La poésie est subjective en son principe, et de ce fait elle ne peut (ni ne doit) se plier à des règles d'une objectivité impersonnelle, à des limites intellectuelles qui ne peuvent que réprimer le trouble de la sensibilité et de la vie intérieure. Cependant, jamais la vigueur des images, parfois éclatantes, jamais l'expression violente ou mélancolique du sentiment ne suffisent à faire des Nuits une œuvre véritablement romantique. L'appareil extérieur de la nuit, de la mort, de la tombe ne suffit pas à faire un paysage, et le sentiment profond de la nature est presque absent. Au demeurant, bon nombre d'images appartenaient déjà à l'ornementation typique de la littérature religieuse antérieure. De sorte que le jugement de Pope sur les Nuits garde sa juste acuité : « Young était près de la sublimité du génie, quoique dépourvu de bon sens, de sorte que son génie, privé de guide, menaçait sans cesse de dégénérer en verbiage pathétique. »

— Olivier JUILLIARD

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Pour citer cet article

Olivier JUILLIARD. YOUNG EDWARD (1683-1765) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

    • Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ, Jacques DARRAS, Jean GATTÉGNO, Vanessa GUIGNERY, Christine JORDIS, Ann LECERCLE, Mario PRAZ
    • 28 170 mots
    • 30 médias
    Le la fut donné par Pensées nocturnes (Night Thoughts, 1742) d'Edward Young (1683-1765), qui inaugura la poésie sépulcrale, et surtout par la fameuse Élégie écrite dans un cimetière de campagne (Elegy Written in a Country Churchyard, 1750), de Thomas Gray (1716-1771). Gray fut aussi des...
  • ROMANTISME

    • Écrit par Henri PEYRE, Henri ZERNER
    • 22 170 mots
    • 24 médias
    ...entrevu. En Angleterre, James Thomson (1700-1748) s'inspira de la nature dans ses Saisons (1730) et la rendit avec une certaine vivacité de coloris. Edward Young (1683-1765), poète de la mort et de la mélancolie religieuse, connut un succès européen avec ses Pensées de nuit (1745). Les thèmes de...

Voir aussi