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ÉCRITS ET PROPOS, Willem de Kooning Fiche de lecture

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« Peindre à l'oreille »

Willem De Kooning - crédits : Ben Van Meerondonk/ Hulton Archive/ Getty Images

Willem De Kooning

Le langage de De Kooning est entièrement affecté par sa manière de voir et réciproquement. « Tout ce que je vois, affirme-t-il, devient mes formes et mon état. » Sans cesse, son propos revient donc sur cette optique particulière qui travaille son art et infléchit jusqu'à sa perception de l'abstraction géométrique inflexible d'un Mondrian. Chez ce dernier expliquait De Kooning en 1972, « l'illusion d'optique réside dans le fait qu'à leur intersection, les lignes produisent une petite lumière.[...]. L'œil ne peut saisir cette lumière, mais à l'endroit où les lignes noires se croisent, elles scintillent. [...] ce n'est pas vraiment une illusion d'optique. C'est la façon dont vous le voyez ». Pour De Kooning l'illusion est réelle, et cette perturbation involontaire chez Mondrian (du moins en semble-t-il convaincu) constitue un dérapage qu'il apprécie à ce titre. De même que ces scintillements incarnaient à ses yeux l'énergie de la pensée du peintre, toutes les manifestations visuelles instables qui fascinent De Kooning – qu'il s'agisse des éclats lumineux à la surface de l'eau ou dans une tasse de café, des reflets irisés d'une flaque de gasoil, ou des interférences de l'image télévisée à la fin des programmes ou d'une combinaison de tout cela – toutes ces images se libèrent simultanément dans l'espace de sa peinture en « une vision fugitive de quelque chose, une rencontre comme un flash. C'est très ténu – un contenu très ténu ». De ce point de vue, De Kooning, qui évoquait « comment Cézanne avait repris [à Mallarmé] son utilisation du multiple sens des mots pour peindre une nappe qui serait aussi une montagne », était particulièrement sensible au lien (lui aussi ténu) entre les mots et la peinture. De semblables permutations traversent toute sa peinture. Évoquant ses amis poètes, Frank O'Hara, Edwin Denby, ou Gregory Corso, De Kooning ajoutait encore « Je pourrais dire que je peins avec une bonne oreille... ».

— Hervé VANEL

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)

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Pour citer cet article

Hervé VANEL. ÉCRITS ET PROPOS, Willem de Kooning - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Média

Willem De Kooning - crédits : Ben Van Meerondonk/ Hulton Archive/ Getty Images

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