ÉCONOMIE MONDIALE 2001 : état de choc

Croissance économique mondiale, 1996-2001 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croissance économique mondiale, 1996-2001

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Le ralentissement de la croissance économique mondiale, amorcé au second semestre 2000, s'est accentué en 2001, laissant place à une stagnation de l'activité dans le monde développé dès le printemps, puis à une véritable récession en fin d'année. L'onde récessive, partie des États-Unis, s'est rapidement propagée à l'Europe et aux économies émergentes d'Asie et d'Amérique latine. Elle a été accentuée par l'attaque terroriste du 11 septembre 2001, qui a sapé la confiance des ménages et des entreprises des deux côtés de l'Atlantique. L'orientation plus résolument expansive prise par les politiques monétaires, notamment aux États-Unis, a permis de limiter les incidences financières de la crise et d'enrayer toute panique à la suite des attentats. Le contexte économique global est aggravé par la rechute de l'économie japonaise, qui est désormais exposée à des tendances déflationnistes sérieuses. Pour la première fois depuis le début des années 1980, les trois principaux pôles de l'économie mondiale abordent de façon synchronisée la phase descendante d'un cycle économique. Dans un environnement international fortement dégradé, seules quelques grandes économies (Chine, Inde et Russie) sont parvenues à se maintenir sur un sentier de croissance rapide, tirée principalement par la demande intérieure.

L'onde récessive partie des États-Unis...

À l'issue de dix années de croissance, constituant la phase d'expansion la plus longue de l'histoire statistiquement connue des États-Unis, l'économie américaine est entrée en récession en mars 2001. Cette datation, issue des travaux du National Bureau of Economic Research (N.B.E.R., 2001), confirme que le retournement conjoncturel était déjà bien entamé avant les attentats du 11 septembre, qui ont amplifié le mouvement de contraction de l'activité mais n'en sont pas la cause. L'ampleur de la crise est soulignée par la baisse ininterrompue de la production industrielle depuis septembre 2000 (la plus longue depuis la crise des années 1930) et par la remontée rapide du taux de chômage de 3,9 p. 100 en octobre 2000 à 5,8 p. 100 à la fin 2001.

Contrairement aux précédentes récessions, ce retournement conjoncturel ne résulte pas d'un durcissement de la politique monétaire consécutif à une accélération de l'inflation ou à un choc extérieur. Il résulte fondamentalement de l'excès d'investissement observé à la fin des années 1990 et des déséquilibres financiers qui l'ont accompagné. En dépit de fortes coupes dans les dépenses en capital, notamment en matériel informatique, déjà opérées au premier semestre de 2001, le taux d'utilisation des capacités de production était tombé à 75 p. 100 en septembre 2001, soit son plus bas niveau depuis 1983, laissant mal augurer d'une reprise de l'investissement à brève échéance. Conjuguée au mouvement de déstockage et au recul des exportations, elles-mêmes handicapées par la vigueur persistante du dollar, la chute de l'investissement explique l'essentiel de la décélération de l'économie américaine dans la première partie de l'année.

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À la veille du 11 septembre 2001, l'activité n'était plus soutenue que par la consommation des ménages. Bien que pénalisée par les baisses de l'emploi et de Wall Street, celle-ci bénéficiait de la diminution des taux d'intérêt, qui a permis aux ménages de refinancer leurs emprunts à des conditions plus avantageuses, et d'une confiance revigorée par les promesses de réduction des impôts de l'administration Bush. Soucieuse d'enrayer au plus vite le mouvement récessif, la Federal Reserve Bank (Fed) abaissait agressivement le taux d'intérêt entre janvier et août, le ramenant de 6,5 à 3,5 p. 100. De son côté, l'administration faisait voter en mai un programme de réductions d'impôts d'un montant de 1 350 milliards de dollars sur onze ans, une partie intervenant dès 2001 sous forme de remboursement d'impôts à hauteur de 74 milliards de dollars. Avec la baisse du prix du pétrole, revenu de près de 35 dollars à l'automne 2000 à 25 dollars au premier semestre de 2001, l'orientation expansive de la politique économique entretenait l'espoir d'un rebond rapide de l'activité.

L'attaque terroriste devait remettre en cause le fragile équilibre entre la dynamique récessive de l'économie et les facteurs exogènes de soutien de l'activité. L'effondrement de la confiance des ménages après le 11 septembre et l'impact immédiat des attentats sur les secteurs des transports aériens, des assurances et de la finance suscitaient de nouvelles mesures de soutien de l'activité en fin d'année. Face au risque d'assèchement des marchés financiers, la Fed, de concert avec les autres banques centrales, procédait à des injections massives de liquidités. À quatre reprises, elle baissait son taux directeur, le ramenant à 1,75 p. 100 en décembre, soit, pour la première fois depuis les années 1970, un niveau inférieur à celui de l'inflation. Un plan de relance budgétaire était également mis en place comportant des mesures immédiates pour plus de 50 milliards de dollars auxquels devaient s'ajouter entre 75 et 100 milliards en 2002, soit au total une impulsion supplémentaire avoisinant 1,5 p. 100 du P.I.B.

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Écrit par

  • : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales

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