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DOMINIQUE PERRAULT ARCHITECTURE (exposition)

Après Christian de Portzamparc (1996), Renzo Piano (2000), Jean Nouvel (2001), Morphosis (2006) et Richard Rogers (2007), le Centre Georges-Pompidou a présenté du 11 juin au 22 septembre 2008 la première grande exposition consacrée à l'architecte de la Bibliothèque nationale de France, Dominique Perrault. Conçue et mise en scène par Perrault lui-même, avec Frédéric Migayrou comme commissaire du Centre Georges-Pompidou, cette présentation n'avait par définition pas de vocation critique ni historique. Elle s'inscrivait plutôt, comme les précédentes, dans la tradition de l'exposé propédeutique, dont Piano et Rogers avaient, l'un et l'autre, si brillamment montré l'efficacité.

L'exposition Dominique Perrault Architecture, qui reprend sobrement le nom de l'agence (DPA), évitait ainsi les pièges de l'autocélébration pour montrer trente ans d'architecture et une cinquantaine de projets, étudiés ou réalisés. Avant de pénétrer dans l'espace fluide de la galerie sud du Centre Georges-Pompidou, un texte extrait d'une conférence donnée à Madrid en janvier 2008 s'affichait comme un manifeste : « Pourquoi l'histoire n'est-elle plus un élément de référence suffisant pour les architectes contemporains ? », interrogeait Perrault. Il semble en effet acquis, selon lui, « que cette matière est désormais largement supplantée par la géographie, par un questionnement sur la dimension géographique. [...] L'importance accordée au lieu a pour conséquence immédiate de dévoiler les insuffisances d'une architecture uniquement tournée vers le bâtiment. [...] Dès lors, il s'agit d'essayer de penser l'architecture comme un élément à part entière du paysage, c'est-à-dire de prendre conscience du fait que nous créons des paysages artificiels, que la nature dans laquelle nous vivons est, aussi étrange que cela puisse paraître, toujours plus artificielle ». Ces prémisses théoriques aident à comprendre certains des projets parmi les plus anciens de l'architecte : la B.N.F., bien sûr, dont il remporte le concours en 1989 et qui lui vaudra une renommée internationale – ainsi que de sévères critiques –, mais également l'E.S.I.E.E. (École supérieure d'ingénieurs en électrotechnique et électronique) à Marne-la-Vallée (1984-1987) ou le vélodrome et la piscine olympique de Berlin (1992-1999), autant de réalisations dans lesquelles les notions d'effacement et de vide l'emportent sur la traditionnelle image d'une masse dressée.

La présence massive de projets de tours dans l'exposition (la tour Phare à la Défense en 2006, les tours French Quarter à Brisbane en Australie en 2007, la tour Fukoku à Ōsaka au Japon prévue pour 2010) pouvait cependant laisser croire à un changement d'orientation de la part de Dominique Perrault. C'est plutôt la conjoncture du début des années 2000 qui impose cette direction, dans laquelle l'architecte poursuit, au-delà des questions du lieu et du territoire, l'exploration de l'un de ses thèmes fétiches : la matérialité des façades. Marquée par le rythme et la lumière des mailles métalliques dont Perrault affectionne l'usage, la première partie de l'exposition, composée de documents audiovisuels, ouvrait ensuite sur un ensemble de dix-huit tables, dont le principe reposait en grande partie sur la combinaison de maquettes et d'échantillons de matériaux. Textes d'intention, esquisses, plans, coupes et élévations donnaient, certes, de précieux éléments de compréhension de l'œuvre, mais le pouvoir d'expression des objets en trois dimensions faisait la véritable force de cette présentation : les différentes maquettes d'étude, réalisées à plusieurs échelles et avec divers matériaux, se rapprochent très clairement de la sculpture dès lors qu'il s'agit de contracter au maximum l'image désirée : ainsi le bâtiment de la fondation[...]

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

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