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BONHOEFFER DIETRICH (1906-1945)

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La responsabilité coûteuse

L'arrivée de Hitler au pouvoir, le 30 janvier 1933, lance Bonhoeffer dans le combat de l'Église confessante allemande. Alors qu'il insistait précédemment sur les dimensions ecclésiastiques de la science théologique, il va sans relâche rappeler les dimensions « mondaines » de la responsabilité ecclésiastique. Le monde doit en son entier se restructurer en Christ. L'Église ne saurait donc se limiter à un pur domaine intérieur. Elle a charge de l'existence entière, non par totalitarisme clérical, mais par fidélité à son propre fondement, Jésus-Christ, milieu véritable de l'espace et du temps. Ces convictions dogmatiques ont pour Bonhoeffer des conséquences immédiates. Dès le 1er février 1933, il s'oppose, à la radio de Berlin, à la prétention de souveraineté totale du Führer. Dès l'origine, il dénonce l'antisémitisme. Il aide à la constitution de l'Église confessante, opposée au « christianisme positif », c'est-à-dire nationalisé et déjudaïsé, qui permet au nazisme de séduire les masses allemandes. Il noue enfin des contacts étroits avec le mouvement œcuménique en dehors de l'Allemagne pour que la résistance allemande de l'intérieur ne s'isole pas dans l'excès de ses souffrances, ni dans ses hésitations.

Pasteur de la paroisse allemande de Londres en 1933-1935, puis directeur d'un séminaire de jeunes pasteurs se destinant à l'Église confessante en Poméranie de 1935 à 1939, Bonhoeffer publie deux livres : Le Prix de la grâce (Nachfolge) en 1937 et La Vie communautaire en 1938. Ces œuvres, qui rappellent L'École du christianisme de Kierkegaard, exigent du croyant l'imitation du Christ, car la foi n'est pas croyance, mais apprentissage de l'obéissance, pénitence et discipline. À quoi servirait-il qu'une Église sauvegardât son credo et son organisation, si elle se montrait incapable de préserver aussi le monde et la société dans lesquels elle vit son présent ? Méditations pieuses, ces textes sont également des pamphlets qui mettent en évidence le caractère extraordinaire de la foi et l'effort exigé des disciples. Un tel apprentissage s'effectue de façon communautaire, à la lumière réaliste de l'Esprit-Saint, qui aide à distinguer entre l'inébranlable de la foi et l'échauffement fragile du psychisme religieux. De forme classique et retenue, ces œuvres attestent les tensions qui parcourent alors la vie de Bonhoeffer : l'impatience du témoin et la patience du résistant, l'absence d'illusions du participant et le renouveau de l'homme de prière. Cette piété vit, devant Dieu, la privation de Dieu d'un monde que le nazisme entraîne au nihilisme.

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Pour citer cet article

André DUMAS. BONHOEFFER DIETRICH (1906-1945) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Dietrich Bonhoeffer - crédits : ullstein bild/ Getty Images

Dietrich Bonhoeffer

Autres références

  • DÉCHRISTIANISATION

    • Écrit par
    • 4 195 mots
    ...question, en tout cas, qu'ont tenté de répondre les fameuses « théothanatologies », ou théologies de la mort de Dieu, introduites par les messages de Dietrich Bonhoeffer, son fameux paradoxe Etsi deus non daretur et son hypothèse d'un christianisme sans religion, d'un christianisme qui ne serait plus...
  • GRÂCE

    • Écrit par
    • 4 084 mots
    Il est important de préciser qu'à la suite du théologien allemand D. Bonhœffer, mort en 1945, la théologie et la prédication contemporaines insistent sur le fait que ce n'est certes pas l'orgueil et la volonté de puissance de l'homme qui peuvent le faire vivre, libérer autrui, construire la paix......