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COURONNE IMPÉRIALE & ROYALE

Clovis reçut, ou prit de lui-même, une couronne lors de la cérémonie de réception du diplôme et des insignes de consul honoraire envoyés par l'empereur Anastase (Tours, 508). Des rois d'Austrasie portent sur leurs monnaies d'or frappées à l'image de celles du basileus un casque de cérémonie byzantin et d'autres Mérovingiens ont dû porter une sorte de diadème plus ou moins gemmé. La couronne ne fait son apparition continue qu'avec Charlemagne qui en reçut une des mains de Léon III quand il fut acclamé empereur des Romains (800) ; cet empereur en donne une à son fils Louis le Pieux quand il l'associe au pouvoir (813). Ce dernier reçoit ensuite la couronne « de Constantin » des mains d'Étienne IV à Reims après son onction impériale (816). Tous les sacres impériaux et royaux en Francie de l'Ouest, ou France, comporteront depuis lors un couronnement ; cette cérémonie complexe eut encore lieu pour Charles X (1825). La possession des insignes du pouvoir semble avoir eu de l'importance sous les Carolingiens (le roi mourant envoie à son fils la couronne, le sceptre, l'épée « de saint Pierre » et les vêtements). Mais il n'en reste pas moins que la France n'a pas eu comme principe constitutionnel le couronnement avec un objet déterminé ; la cérémonie du sacre et du couronnement n'était déjà plus constitutive au xiiie siècle : c'est la loi successorale qui fait le roi et non la possession d'un insigne. Les Capétiens directs s'attachèrent cependant aux couronnes, conservées dans le trésor de Saint-Denis, l'abbé devant apporter insignes et costume à Reims. On peut signaler la couronne reliquaire de la sainte épine dite couronne « du Seigneur » puis « de Saint Louis » (envoyée à la fonte en 1794) et celle « de Charlemagne », faite par Philippe II Auguste, les insignes du sacre étant progressivement liés au souvenir de l'empereur célébré par les chansons de geste (l'épée Joyeuse en 1271 — et sans doute dès 1179 — ; le sceptre en 1364 ; la couronne en 1452, 1517 ; l'ensemble de tous les insignes avec main de justice et éperons, avant 1643). Image de la couronne du royaume éternel que le roi obtiendra dans la société des saints s'il a correctement régné ici-bas, c'est la couronne « de gloire et de justice, d'honneur, d'œuvres puissantes » (termes figurant dans l'ordo de Louis II le Bègue en 877 et passés à travers les siècles). Elle devra resplendir de la piété et du courage du roi, les pierres symbolisant les vertus ; par elle, le souverain participe au ministère des évêques comme le dit le prélat à Reims et c'est aussi la « couronne du royaume » (ainsi parle Suger en 1131, terme qui passe dans l'ordo vers 1200 environ et y reste jusqu'en 1825), donc son image : c'est de là que provient la notion de couronne, symbole de l'État supérieur à tout. Cette « couronne très chrétienne » est dite apportée au roi par les anges (vers 1200, Chanson des Saisnes). Elle figure seule sur le sceau du roi en voyage à l'étranger à la fin du xiiie siècle (dès 1270). Bandeau d'or assorti de quatre fleurs de lis, le tout gemmé de rubis, saphirs et émeraudes, la couronne du roi ou « de Charlemagne » pèse quatre kilos avec sa haute coiffe conique, pourpre, emperlée, qui, ressemblant à une tiare (c'est une mitre d'ancienne forme), montre que le roi est aussi prêtre, nouveau Melchisédech. Cet objet servira jusqu'à Louis XVI et la Convention l'envoie à la fonte (1794) ; depuis Louis XIII elle n'avait qu'un bonnet restreint. La couronne similaire et plus petite de la reine fut détruite par la Ligue (1590). Il exista de nombreuses autres couronnes à Saint-Denis et dans le trésor du roi, souvent plus légères, portées lors des « cours couronnées », fêtes diverses du Moyen Âge,[...]

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Écrit par

  • : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique

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