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JONES CHUCK (1912-2002)

Admiré par les historiens et les critiques de cinéma ainsi que par les cinéphiles, Chuck Jones n'en demeure pas moins inconnu du grand public. Or cet « anonymat » n'est pas dû à la distribution confidentielle de ses films. Bien au contraire, ceux-ci ont été vus et revus par des dizaines de millions de spectateurs dans le monde entier avec un succès qui ne s'est jamais démenti. Mais, à l'instar des autres créateurs de cartoons, à l'exception de Walt Disney et de Tex Avery, Chuck Jones a été victime de la célébrité de ses personnages.

Né le 21 septembre 1912 à Spokane, dans l'État de Washington, Charles Martin Jones passe son enfance et son adolescence à Los Angeles où, de 1927 à 1930, il étudie au Chouinard Art Institute, devenu depuis le California Institute of the Arts. En 1930, il débute dans une agence de publicité. En 1931, il entre au studio d'Ub Iwerks et y devient bientôt gouacheur, puis encreur et, enfin, intervalliste, chargé de la composition des phases intermédiaires du mouvement dans le dessin animé. Il travaille ensuite quelque temps chez Charles Mintz et chez Walter Lantz, avant de rejoindre, en 1934, l'unité de production de Leon Schlesinger chez Warner Bros où il demeurera vingt-sept ans, si l'on ne tient pas compte des quelques mois passés, en 1954, chez Walter Lantz et, en 1955, chez Walt Disney.

D'abord intervalliste, Charles M. Jones devient très vite animateur sous la direction, principalement, de Fritz Freleng, de Robert Clampett et de Tex Avery. En 1938, il est nommé réalisateur. De cette année à 1963, il dirige plus de deux cents cartoons qui contribuent à la renommée du studio : il participe à la saga du chat Sylvester et de Tweety Pie (Titi) ; il concourt à la conception et à la caractérisation de Bugs Bunny (47 films), de Daffy Duck, (24 films), de Claude Cat, d'Elmer Fudd et de Porky Pig ; il crée, entre autres, Henery Hawk, Inky et le Minah Bird, Marvin the Martian, Pépé Le Pew, Sniffles, Road Runner (l'oiseau Bip Bip) et Wile E. Coyote.

En 1963, Charles Jones, qui signe Chuck depuis le milieu des années 1950, entre à la M.G.M. où, jusqu'en 1967, il assure la direction de la série « Tom et Jerry » (34 films dont 24 réalisés par lui). Il réalise, co-écrit et produit ensuite un dessin animé de long-métrage, The Phantom Tolbooth (1971). De 1970 à 1980, il se consacre presque exclusivement à la télévision où il dirige une vingtaine de moyens et longs-métrages. À partir de 1980, il ralentit son activité, mais n'en continue pas moins d'œuvrer, notamment comme concepteur et réalisateur des génériques de Gremlins 2 de Joe Dante (1990).

Court ou moyen ou long, destiné au grand ou au petit écran, chacun des cartoons de Chuck Jones possède les qualités techniques et plastiques propres à l'école américaine : netteté et rigueur du graphisme, vigueur et fluidité de l'animation, multiplicité des mouvements des « actions primaires » et des « actions secondaires », luxuriance des détails, soin apporté aux décors, richesse de la bande son, etc. En outre, ses films sont d'une grande beauté plastique, en ce qui concerne tant les coloris et les « éclairages » que les décors, généralement stylisés.

La personnalité de Chuck Jones, cependant, se manifeste principalement dans l'expression, expression qui privilégie le visuel et le cinétique ; il est d'ailleurs intéressant de constater que nombre de ses personnages se caractérisent par leur mutisme et que les plus bavards d'entre eux, Bugs et surtout Daffy, le sont moins sous sa « direction » qu'à l'ordinaire. Son art s'affirme dans le traitement de l'espace et du mouvement, et dans les rapports qu'ils entretiennent. Ainsi, selon la manière dont s'exerce le mouvement, l'espace peut être mobile ou statique, à deux ou à trois dimensions. Quant au mouvement, il repose sur une[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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Pour citer cet article

Alain GAREL. JONES CHUCK (1912-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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