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TAUBIRA CHRISTIANE (1952- )

Femme politique française, ministre de la Justice de 2012 à 2016.

Christiane Taubira - crédits : liewig christian/ Corbis/ Corbis Sport/ Getty Images

Christiane Taubira

Christiane Taubira est une figure singulière de la vie politique tant par ses origines, son parcours militant, que par son style oratoire éloquent et lettré, au lyrisme presque suranné, tranchant avec les discours technocratiques qui dominent l’arène politique. Aussi, sa nomination au poste de ministre de la Justice en mai 2012, à la suite de l’élection de François Hollande à la présidence de la République a-t-elle constitué une surprise. Christiane Taubira n’en a pas moins su s’imposer comme une ministre emblématique du quinquennat Hollande, résistant jusqu’en janvier 2016 aux remaniements des équipes gouvernementales dirigées successivement par Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, et surtout aux attaques, parfois odieuses, contre son action politique et sa personne.

Née à Cayenne (Guyane) le 2 février 1952, Christiane Taubira a été élevée par sa mère aux côtés de dix frères et sœurs alors que son père avait abandonné le foyer familial. Elle évoque souvent son admiration pour la force de caractère de cette mère, décédée alors qu’elle était encore adolescente, qui, simple domestique, puis femme de service à l’hôpital, obtint son certificat d’études, passa des concours et devint aide-soignante. Une mère qui sut aussi lui transmettre une soif de culture que Christiane Taubira entretient au cours d’une scolarité brillante, puis de ses études dans plusieurs universités parisiennes, dont elle sort diplômée de troisième cycle en économie et en agroalimentaire, d’une licence de sociologie, et d’un certificat d’ethnologie afro-américaine. Au cours de ses années estudiantines, marquées par l’effervescence politique des années 1970, Christiane Taubira participe aux mouvements en faveur des droits civiques des Noirs aux États-Unis, pour la libération de Nelson Mandela en Afrique du Sud, ou contre les juntes militaires au pouvoir au Chili et en Argentine.

Du militantisme radical au PRG

Devenue professeur d’économie en 1978 et revenue en Guyane, Christiane Taubira se rapproche des milieux indépendantistes où elle rencontre son futur mari, Roland Delannon, fondateur en 1974 du Mouvement guyanais de décolonisation (Moguyde), au sein duquel elle milite activement. La radicalité assumée du mouvement contraint le jeune couple à la clandestinité pendant quelque temps et finit par conduire Roland Delannon en prison pendant dix-huit mois. C’est finalement l’apaisement de la situation en Guyane avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 qui amène Christiane Taubira à renoncer au militantisme indépendantiste. Elle quitte alors l’enseignement et prend la direction de diverses institutions économiques locales : la Coopération agricole Antilles-Guyane et la Confédération caraïbe de la coopération agricole (1982-1985) ; le Centre national des arts et métiers de Guyane (1983-1986) ; l’Assistance technique à la pêche artisanale en Guyane (1985-1990) ; puis l’Office de coopération et du commerce extérieur (1990-1993).

Forte de ces expériences professionnelles qui lui assurent une bonne connaissance de la vie publique et des enjeux économiques guyanais, Christiane Taubira revient à la politique à la fin de 1992 en participant avec son mari à la fondation du parti Walwari, dont elle devient présidente. Sa première campagne pour les élections législatives de 1993 est un succès, et Christiane Taubira est élue députée. L’année suivante, elle accepte de figurer en quatrième position sur la liste emmenée par Bernard Tapie pour les élections européennes et fait son entrée au Parlement européen. Au cours de ces législatures, Christiane Taubira mène parallèlement deux initiatives législatives visant à interdire les mines antipersonnel. Réélue députée en 1997, elle fait adopter en 2001 une loi qui reconnaît comme crimes contre l’humanité la traite négrière[...]

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Écrit par

  • : politiste
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Blaise MAGNIN. TAUBIRA CHRISTIANE (1952- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Christiane Taubira - crédits : liewig christian/ Corbis/ Corbis Sport/ Getty Images

Christiane Taubira

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Hollande (2012-2017)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 7 029 mots
    • 3 médias
    ...fermés pour les mineurs délinquants (versant répressif du programme du candidat Hollande), il est très vite abandonné en raison de l’opposition de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Celle-ci fait en revanche adopter, en 2014, une réforme pénale dont l’un des principaux objectifs est le développement...
  • FRANCE - L'année politique 2022

    • Écrit par Nicolas TENZER
    • 6 051 mots
    • 9 médias
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  • FRANCE - L'année politique 2021

    • Écrit par Nicolas TENZER
    • 6 168 mots
    • 5 médias
    ...Fabien Roussel, député du Nord et premier secrétaire national du PCF. Cette année décidément bien confuse pour la gauche s’achève sur une vidéo de Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux de François Hollande, dans laquelle elle « constate l’impasse » et où elle annonce qu’elle « envisage...
  • FRANCE - L'année politique 2015

    • Écrit par Nicolas TENZER
    • 4 400 mots
    • 7 médias
    ...attentats du 13 novembre, la question de la déchéance de nationalité des binationaux condamnés pour terrorisme ravive les clivages au sein de la majorité, et ce jusqu’à l’intérieur du gouvernement (la garde des Sceaux, Christiane Taubira, fait plusieurs fois part de son opposition à cette mesure).

Voir aussi