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ORIOLA CHRISTIAN D' (1928-2007)

Christian d'Oriola - crédits : Universal/ Corbis/ VCG/ Getty Images

Christian d'Oriola

Christian d'Oriola demeure considéré par nombre d'experts comme le meilleur escrimeur de tous les temps. Le palmarès de ce fleurettiste est impressionnant : quatre médailles d'or olympiques (1948, 1952, 1956) – un record pour un sportif français, qu'il partage avec un autre escrimeur, Lucien Gaudin (1924, 1928) –, deux médailles d'argent, huit titres de champion du monde (4 en individuel, 4 par équipes). Au-delà de ce palmarès, c'est le génie, la classe et la maîtrise avec lesquels ce gaucher obtint ses nombreux succès qui lui valent cette reconnaissance. Dans un sport alors fortement marqué par ses origines militaires, ce pétulant Catalan appuya son escrime sur une extraordinaire souplesse de jambes, une détente extraordinaire, un coup d'œil sans égal, qualités auxquelles il ajouta une touche de désinvolture qui déboussola les maîtres d'armes de l'époque. En outre, il fut le seul fleurettiste à s'adapter au fleuret électrique, tout en critiquant ce matériel avec véhémence.

Christian d'Oriola naît le 3 octobre 1928 à Perpignan, dernier d'une famille de trois enfants. Il débute l'escrime à l'âge de neuf ans, dans le sous-sol de la maison familiale où son père avait aménagé une salle d'armes. En 1942, il remporte son premier succès, le Championnat scolaire de la région Languedoc-Roussillon ; à quinze ans, il bat déjà les seniors. Ce jeune talent se voit sélectionné pour les Championnats du monde en 1947 : à dix-neuf ans, il remporte l'épreuve individuelle et le titre par équipes. Aux Jeux de Londres, en 1948, il s'incline en finale de l'épreuve individuelle, battu par son compatriote Jehan Buhan, de seize ans son aîné, mais il participe grandement à la victoire française dans la compétition par équipes. Il est de nouveau champion du monde en 1949, mais des crises d'urémie l'obligent à interrompre sa carrière pendant près de deux ans.

En 1952, aux jeux Olympiques d'Helsinki, il a retrouvé son meilleur niveau : il s'adjuge le titre par équipes, en donnant une leçon à tous ses rivaux italiens, puis le titre individuel, après barrage, devant les Italiens Edoardo Mangiarotti et Manlio Di Rosa. Il est de nouveau champion du monde en 1953 et en 1954.

À la fin de 1954, la Fédération internationale d'escrime décide d'introduire l'électricité pour permettre un meilleur jugement au fleuret. Les tireurs portent désormais un plastron conducteur. Christian d'Oriola proteste contre cette innovation, qu'il nomme la « sonnette » car, quand un tireur touche la cuirasse adverse, cela provoque une sonnerie identique au timbre des sonnettes de bicyclette. Il a en effet l'impression que l'intrusion de cette technologie lui fait perdre ce qui fait sa force : l'instinct, le jeu en souplesse, les impacts en fines touches. De fait, toute une génération de fleurettistes se voit pénalisée et doit s'effacer. D'Oriola, lui, tente de modifier son jeu, et son talent lui permet d'y parvenir : en 1955, il est vice-champion du monde. « C'était préjudiciable à l'idée que j'avais de l'escrime. Avant, je m'amusais. Mais j'ai voulu prouver que je pouvais aussi gagner. [...] J'ai perdu ma confiance, j'assurais, j'allais de moins en moins vite. Bref, je suis devenu besogneux », déclarera-t-il. Néanmoins, Christian d'Oriola est une nouvelle fois champion olympique individuel, en 1956 à Melbourne, devant les Italiens Giancarlo Bergamini et Antonio Spalino.

Champion du monde par équipes en 1958, Christian d'Oriola achève sa carrière internationale par une huitième place aux Jeux de Rome en 1960. Il continue à tirer pour le plaisir, est une dernière fois champion de France par équipes – à l'épée – avec sa salle de Montpellier en 1970, à quarante-deux ans. Puis il devient[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. ORIOLA CHRISTIAN D' (1928-2007) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JEUX OLYMPIQUES

    • Écrit par Jean DURRY, Universalis, Pierre LAGRUE, Alain LUNZENFICHTER
    • 15 675 mots
    • 12 médias
    ...bat quatre fois le record du monde du triple saut lors de la finale (16,22 m). Comme à Londres, le pasteur américain Bob Mathias gagne le décathlon. Christian d'Oriola est champion olympique au fleuret, tandis que son cousin Pierre Jonquères d'Oriola remporte l'épreuve de jumping. ...
  • MELBOURNE (JEUX OLYMPIQUES DE) [1956] - Chronologie

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 4 099 mots
    ...fleuret s'est trouvée bouleversée par l'introduction de l'électricité, destinée à faciliter le jugement des assauts. Profondément hostile à cette mesure, Christian d'Oriola a néanmoins décidé de poursuivre sa carrière. En poule finale, le Catalan, battu par l'Italien Giancarlo Bergamini, se reprend bien,...

Voir aussi