Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

EIJKMAN CHRISTIAAN (1858-1930)

Médecin militaire néerlandais, né à Nijkerk (Gelderland) en 1858, mort à Utrecht en 1930. Formé à l'université d'Amsterdam (1881), chercheur puis directeur de l'école médicale de Java (1888-1896), Eijkman est par la suite nommé professeur d'hygiène et médecine légale à l'université d'Utrecht (1898). Eijkman, Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1929 conjointement au Britannique Frederick Gowland Hopkins, a découvert le remède au béri-béri, à savoir la vitamine B1.

Le béri-béri est une maladie neurologique d'origine polynévritique conduisant à une paralysie générale, voire à la mort. En 1886, face aux ravages causés par ce mal dans les populations des Indes néerlandaises, le gouvernement des Pays-Bas dépêche une mission d'étude à Java conduite par Pekelharing et Winkler, à laquelle se joint Eijkman en tant que médecin officier. Avec les succès éclatants de Pasteur et Koch, la recherche médicale se polarisait sur l'idée de transmissibilité des maladies, et c'est très naturellement que la mission gouvernementale recherche l'agent infectieux responsable du béri-béri. Après avoir identifié un possible agent, Pekelharing et Winkler regagnent les Pays-Bas (1888), certains que Eijkman, promu sur place directeur de l'hôpital, allait vérifier leur hypothèse. Mais, face aux échecs répétés des essais d'inoculation du béri-béri à des animaux sains, Eijkman abandonne cette piste. C'est alors qu'un lot de poules de l'institut médical développe des troubles nerveux d'origine polynévritique identiques aux manifestations du béri-béri chez l'homme. Face aux similitudes troublantes entre les maladies aviaire et humaine, il enquête sur les événements, même les plus anecdotiques, qui ont accompagné l'apparition du mal chez les volatiles, et apprend que ceux-ci ont été nourris de riz décortiqué au lieu du riz complet, moins noble, qui leur était habituellement réservé. Eijkman a vite fait de vérifier l'hypothèse alimentaire dans le béri-béri des poules et généralise ses conclusions à l'homme en montrant une corrélation entre la faible prévalence du béri-béri dans les prisons locales et la consommation par les détenus de son de riz. Il montre aussi que le composé antinévritique est hydrosoluble, mais se trompe dans l'interprétation de la nature de cette substance, pensant qu'il s'agit d'une antitoxine protéique qui neutralise le poison du béri-béri. C'est Grijns, le successeur d'Eijkman à Java, qui établira l'idée de carence alimentaire. Le concept de vitamine sera formulé en 1912 par Hopkins, colauréat du prix Nobel, comme une substance vitale non produite par l'organisme et qui doit par conséquent lui être apportée par l'alimentation. La vitamine antinévritique, ou vitamine B1, sera caractérisée en 1935 : elle correspond à la thiamine.

— Samya OTHMAN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Samya OTHMAN. EIJKMAN CHRISTIAAN (1858-1930) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AVITAMINOSES

    • Écrit par Marc PASCAUD
    • 212 mots

    C’est en 1897 qu’un médecin hollandais, C. Eijkman a fait disparaître, à Java, chez les consommateurs de riz poli (dépourvu de l’enveloppe du grain), un syndrome neurologique appelé béri-béri, en introduisant dans leur alimentation du son de riz. Il avait préalablement guéri de même...

Voir aussi