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CHEFS-D'ŒUVRE PHOTOGRAPHIQUES DU MOMA. LA COLLECTION THOMAS WALTHER (exposition)

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Une nouvelle poésie des villes

Parmi les belles révélations de la collection Walther, l’Allemand Franz Roh joue poétiquement des négatifs-positifs pour fondre architectures et corps de femmes dans des images oniriques convaincantes. Empruntant les chemins de la « beauté convulsive » du surréalisme en France ou du réalisme magique en Allemagne, certains artistes explorent cette « inquiétante étrangeté » du réel. En 1933, les Distorsions de corps dans des miroirs déformants d’André Kertész évoquent les recherches de Picasso ou Dali. L’autoportrait sidéré de l’Allemand Herbert Bayer en statue antique amputée, plonge au cœur de l’Humainement impossible (1932). En 1936, le Suisse Helmar Lerski étudie les expressions d’un même visage décomposé en 175Métamorphoses par la lumière, et le Belge Raoul Ubac combine collage et solarisation pour son très ésotérique Le Conciliabule (1938).

En Europe comme aux États-Unis, l’industrialisation et l’urbanisation inspirent, à commencer par Alvin Langdon Coburn, auteur dès 1909 d’une troublante vue surplombant un carrefour enneigé, La Pieuvre (1909), et de très graphiques Toits de Paris (1913). En témoignent aussi les prises de vues vertigineuses de Germaine Krull, Ilse Bing ou Albert Renger-Patzsch fascinés par les architectures métalliques. Les plongées d’Umbo sur les ombres intrigantes des passants (Mystère de la rue, 1928), ou la trèsiconique Jeune femme au Leica (1932-1933) passée au crible par Alexander Rodtchenko participent de cette même exploration de la ville.

Si les avant-gardes européennes expérimentent tous azimuts jusqu’à l’abstraction, les photographes américains – Alfred Stieglitz, Paul Strand… – tendent, eux, vers la straight photography directe et pure, fidèle à la réalité et réalisée à la chambre photographie posée sur un trépied. Des portraits vaporeux du pictorialisme de ses débuts aux gros plans ciselés de sesCoquillages plus vrais que nature (1927), en passant par les paysages industriels qui ont révolutionné sa vision (1922), le parcours d’Edward Weston est emblématique de cette approche du réel. En Allemagne, les études documentaires et sans manipulation conduites entre 1898 et 1928 par Karl Blossfeldt autour de végétaux trouvent aussi leurs adeptes.

Vibrantes et passionnantes, les œuvres de la collection Thomas Walther réservent de merveilleuses surprises tout en permettant de comprendre l’influence des échanges artistiques transnationaux dans l’élaboration de la photographie moderne.

— Armelle CANITROT

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Armelle CANITROT. CHEFS-D'ŒUVRE PHOTOGRAPHIQUES DU MOMA. LA COLLECTION THOMAS WALTHER (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 06/12/2021

Média

<em>Record, ou Coureur dans la ville</em>, El Lissitzky - crédits : The Museum of Modern Art, New York. Collection Thomas Walther. Don de Thomas Walther. 2021

Record, ou Coureur dans la ville, El Lissitzky