Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HAVAS CHARLES HENRI (1783-1858)

Né en Normandie d'une famille normande, mais d'une origine lointaine portugaise ou hongroise (ou peut-être les deux...). Homme d'affaires comme ses ancêtres, Charles Henri Havas semble tout d'abord réussir assez mal dans ce domaine.

C'est en végétant comme traducteur de presse qu'il trouvera sa voie. Cette fonction de traducteur de journal prend de plus en plus d'importance dans une presse française qui, bien plus que l'anglaise, demeure une presse d'opinion, mais que la curiosité du public et les besoins des milieux du commerce et de l'industrie naissante contraignent à accorder plus de place aux nouvelles de l'étranger. Havas ouvre donc, en 1825, un Bureau qui fournit aux journaux des informations reprises et traduites de la presse étrangère et sert à des abonnés ce qu'on appellerait aujourd'hui un bulletin confidentiel très riche. Après dix ans d'efforts, la réussite est assurée ; Havas absorbe même des bulletins concurrents, telle la Correspondance Garnier. Lorsqu'il se met à expédier des nouvelles françaises vers l'étranger, le Bureau devient l'Agence Havas et acquiert certaines correspondances étrangères installées à Paris, telle la Correspondance allemande. Dernière étape : la conquête des journaux de province, qui n'est possible que par la création d'un service de publicité et le contrôle de la Société générale de publicité, qui sera absorbée en 1920.

On a dit que l'agence de presse est le produit du télégraphe. Havas a, en fait, devancé les découvertes techniques qui accéléreront la transmission des nouvelles. Il a utilisé tour à tour la lettre, avec le « hors-sac » diligence, chemin de fer ou bateau, le pigeon voyageur et le télégraphe Chappe. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que les innovations d'Havas ont précipité le passage de la presse d'opinion à la presse d'information, le recours à la publicité faisant le reste. Balzac, qui le regrettait, ne s'y est pas trompé ; qualifiant Havas de « Maître Jacques de la presse », il ajoutait : « Chacun teint en blanc, en vert, en rouge ou en bleu la nouvelle que lui envoie M. Havas... Il n'y a qu'un journal, fait par lui, et à sa source puisent tous les journaux. »

Havas a fort bien répondu à un besoin essentiel des temps nouveaux et son initiative sera rapidement imitée : en Angleterre (1851), par un de ses anciens employés, Julius Reuter ; en Allemagne (1849), par Bernhard Wolff ; en Amérique, par des groupes de journaux associés. L'affaire se révèle si bonne que lors de la succession des enfants Havas elle devient la propriété d'un banquier, le baron d'Erlanger. Les bouleversements de la Seconde Guerre mondiale devaient enfin entraîner la séparation des activités publicitaires (qui en étaient venues à constituer un véritable monopole et auxquelles le nom d'Havas reste aujourd'hui accolé) et des activités d'information reprises par l'Agence France-Presse. Cette dernière, établissement public à gestion paritaire (profession, État), représentée dans le monde entier, reste bien dans le droit fil de l'intuition originelle de Charles Havas.

— Pierre Albin MARTEL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : licencié en droit, D.E.S. de sciences économiques, journaliste et éditeur

Classification

Pour citer cet article

Pierre Albin MARTEL. HAVAS CHARLES HENRI (1783-1858) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi