Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VALLAURIS CÉRAMIQUE DE

Située à une trentaine de kilomètres de Nice, la ville de Vallauris est essentiellement connue pour sa céramique. La présence sur la commune de puits de terre (les « terriers ») va, très tôt, permettre le développement de cette production locale. Le xvie siècle marque le véritable démarrage de la fabrication de céramiques avec l'arrivée d'artisans italiens et au xviiie la poterie supplante définitivement l'agriculture dans l'économie locale. Jusqu'au milieu du xixe siècle, les fabriques sont de taille artisanale et la poterie culinaire reste leur production principale. La « terraille » constituée de marmites, poêlons, terrines, fours de campagne est toujours tournée. Les pièces sont soit simplement vernissées soit recouvertes d'un décor jaspé. Les poteries sont alors expédiées par mer à Golfe-Juan puis par train à partir de 1862. Les principales fabriques (Saltalamacchia, Foucard-Jourdan, Milazzo...) connaissent à la fin du xixe siècle un grand développement et atteignent la taille de véritables usines où travaillent plusieurs dizaines d'ouvriers spécialisés (tourneurs, engobeurs, enfourneurs, batteurs de terre...). Mais la concurrence de la fonte et de l'aluminium va, au début des années 1930, amener le déclin de la poterie culinaire. Les ateliers vont alors produire des poteries provençales plus fantaisistes (services de table jaunes ou verts, anses cordées, décors à la poire). À cette époque, la cuisson au four à bois et l'alquifoux (vernis au sulfure de plomb) permettent d'obtenir de superbes couleurs vertes ou jaunes tendres. La disparition du vernis au plomb à partir des années 1950 puis la fermeture progressive des fours à bois vont marquer la fin de cette production.

À partir de la seconde moitié du xixe siècle, une production artistique va, parallèlement, voir le jour avec la famille des Massier. Clément Massier (1844-1907) est le membre le plus célèbre de cette dynastie. Son frère Delphin (1836-1914) et leur cousin Jérôme (1850-1916) vont également ouvrir des manufactures de céramique décorative. Leur production consiste en vases, cache-pots en faïence souvent bleue ou à lustre métallique, ainsi qu'en majoliques en forme d'animaux. Les Massier vont très vite faire des émules comme Jean Barol (1873-1966) ou l'atelier B.A.C.S. Dans les années 1920, ils orientent leur production vers un style marqué par l'art déco.

Les années 1940 et surtout 1950 marquent un point de rupture définitif entre une production traditionnelle en perte de vitesse et une production artistique en pleine expansion. L'arrivée d'artistes venus d'autres horizons marque le renouvellement de la céramique vallaurienne. Une des premières, Suzanne Ramié, fonde en 1936 l'atelier Madoura après une formation à l'école des Beaux-Arts de Lyon. Séduits par le soleil et la possibilité de trouver des ateliers disponibles et des matières premières, trois élèves de l'école des arts appliqués de la rue Dupetit-Thouars de Paris arrivent entre 1945 et 1947 : Robert Picault, Roger Capron et Jean Derval. Venu avec Albert Diato et Francine del Pierre rendre visite à Picasso, Gilbert Portanier fonde avec eux le Triptyque, en 1948, alors qu'Alexandre Kostanda, après avoir travaillé à Cluny de 1941 à 1949, se réinstalle à Vallauris en 1949. En 1950, Gilbert Valentin, ancien élève de l'école nationale professionnelle de Vierzon, crée les Archanges, tandis que s'installent trois élèves de l'école des Beaux-Arts de Rennes, Jean-Claude Malarmey, Dominique Baudart et Robert Perot.

Parallèlement à ces nouveaux venus, plusieurs ateliers installés à Vallauris depuis longtemps continuent à produire de la poterie vernissée. Ce sera le cas de Saltalamacchia ou de la F.A.S.E. (Faïencerie d'art du Sud-Est) qui aura une importante production de graffites, ces[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : conservateur du musée Magnelli, musée de la Céramique de Vallauris

Classification

Pour citer cet article

Dominique FOREST. VALLAURIS CÉRAMIQUE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )