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BURMARINA

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La fin du Chalcolithique et les débuts du Bronze ancien

Les colonies urukéennes

Dans un autre secteur, c'est l'occupation la plus ancienne du site qui a pu être étudiée. La période concernée est l'objet d'un des débats fondamentaux de l'histoire des civilisations du Proche-Orient. Les fouilles de la vallée de l'Euphrate qui se sont déroulées dans la zone de sauvetage du barrage de Tabqa, au cours des années 1970, ont révélé des établissements presque identiques à ceux que l'on avait retrouvés à Uruk, la grande cité de Mésopotamie du Sud. Dans cette région, à la fin du IVe et au début du IIIe millénaire avant J.-C., s'était développé un type de société jusqu'alors inconnu, que l'on a appelé société « proto-étatique » ou « proto-urbaine ». Pour la première fois, en effet, on se trouvait en présence de vestiges témoignant d'une organisation sociale particulièrement complexe, hiérarchisée, qui avait pour cadre de véritables villes. Cette complexité et cette organisation sociale nouvelle allaient de pair notamment avec l'apparition de l'écriture, de l'administration. La découverte de vestiges identiques dans la vallée de l'Euphrate, mais également en Anatolie, à plus de 2 000 kilomètres de la Mésopotamie du Sud, imposa rapidement l'idée que les Mésopotamiens du Sud avaient établi des colonies. Le débat sur les « colonies urukéennes » était lancé ! Il reste actuel, car le terme de « colonie » fait référence à des mécanismes récents (la période qui s'étend du xve au xxe siècle de notre ère) qu'il est peut-être abusif d'utiliser pour des phénomènes qui ne se sont probablement pas développés de la même façon au Proche-Orient il y a 5 000 ans. Le développement endogène de cultures locales qui n'exclut nullement toutes sortes de contacts n'est pas à rejeter nécessairement. Les niveaux de cette période, mis au jour à Tell Shioukh Faouqāni, sont particulièrement bien conservés et apporteront peut-être des éléments dans ce débat.

Une architecture particulièrement bien conservée

On peut faire état à Tell Shioukh Faouqāni d'une architecture, préservée des fondations aux toitures (sur une hauteur de 3 m), qui ne ressemble en rien à celle d'Uruk, mais qui a pourtant fourni un matériel céramique identique. Trois niveaux d'occupation architecturale ont pu être explorés. Le niveau supérieur, le plus récent, est conservé sur quelques centimètres seulement, rendant impossible toute restitution de plan. En revanche, le niveau intermédiaire, initialement préservé, est caractérisé par un ensemble de six bâtiments différents. Ces constructions avaient été élevées immédiatement sur le sommet de conservation de bâtiments plus anciens, mais ces derniers ont néanmoins fourni un matériel identique. Seules quatre constructions du niveau intermédiaire ont été suffisamment dégagées pour faire l'objet d'une description. Trois appartiennent à des unités d'habitation, la quatrième est un bâtiment public. Elles sont toutes situées à l'ouest d'une rue, orientée nord-nord-est/sud-sud-ouest.

L'architecture domestique

L'architecture domestique se caractérise par la construction d'ensembles d'unités monocellulaires de plan rectangulaire ou carré. Une habitation comprenait donc une, deux ou trois pièces, indépendantes les unes des autres et sans doute entourées d'un mur d'enceinte, comme cela est encore visible dans l'architecture traditionnelle syrienne contemporaine. Ces pièces, de dimensions relativement modestes (7 m × 3,5 m), furent construites très soigneusement. Les briques de terre crue sont de bonne qualité et très minutieusement appareillées. Les murs sont couverts d'un enduit de plâtre appliqué sur les parois, en couches très fines. Pour renforcer la construction,[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., directeur de la mission archéologique de Tell Shioukh Faouqâni

Classification

Pour citer cet article

Luc BACHELOT. BURMARINA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Emplacement de la zone de sauvetage du barrage du Tishrin - crédits : Encyclopædia Universalis France

Emplacement de la zone de sauvetage du barrage du Tishrin

Zone de sauvetage du Tishrin, Syrie du Nord - crédits : Encyclopædia Universalis France

Zone de sauvetage du Tishrin, Syrie du Nord