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BRUNO saint (1030 env.-1101)

Fondateur de l'ordre des Chartreux, né à Cologne, où, jeune encore, il devint chanoine de Saint-Cunibert. Venu à Reims pour étudier, Bruno fut nommé écolâtre vers 1056. De son enseignement fort apprécié on ne connaît que des commentaires des Psaumes et des Épîtres de saint Paul. L'archevêque de Reims, Manassès de Gournay, prélat simoniaque et indigne, le nomma en 1075 chancelier de son église ; pour se venger de Bruno, qui s'opposait à ses agissements, Manassès le priva de sa charge et de ses biens. Le conflit se termina par la déposition de l'archevêque et par le départ du chancelier pour la solitude. Bruno se retira, en 1083, avec deux compagnons dans une dépendance de l'abbaye de Molesmes, à Sèche-Fontaine (Aube). Au bout d'un an, il se rendit à Grenoble, avec six nouveaux compagnons. Hugues, évêque de Grenoble (1080-1132), les reçut bien et les conduisit en juin 1084 dans le massif de Chartreuse. Bruno s'installa au haut de la vallée, là où s'élève maintenant la chapelle Notre-Dame de Casalibus, avec les clercs, laissant les frères laïques en bas, à l'emplacement de l'actuelle Correrie. Il inaugura une nouvelle formule de vie érémitique, qui comportait la récitation en commun d'une partie de l'office divin et partageait la journée entre la prière et un travail solitaire consistant surtout dans la copie des livres.

En 1088, le nouveau pape Urbain II, ancien élève de Bruno, l'invita à le rejoindre à Rome. Celui-ci obéit, mais dès qu'il le put, au plus tard en 1092, il quitta la cour pontificale, refusa l'archevêché de Reggio et s'installa en Calabre, dans le diocèse de Squillace. De ce nouvel ermitage, il écrivit deux lettres qui ont été conservées, l'une à son ami Raoul le Verd, alors prévôt de l'église de Reims, l'autre aux frères de Chartreuse. Dans cette solitude, dont il appréciait le charme, le saint vieillard révèle l'exquise sensibilité de son âme, affinée par l'étude et par la contemplation de Dieu. Le maître était aussi un ami tendre et fidèle. Il mourut le 6 octobre 1101.

Bruno laissait un esprit et un exemple, mais aucun règlement écrit. Ce fut son quatrième successeur à la Chartreuse, Guigues, qui codifia vers 1125 les coutumes en usage depuis les origines, et le sixième, saint Anthelme, qui réunit en 1140 le premier chapitre général de l'ordre des Chartreux.

Saint Bruno fut canonisé sans procès informatif par le pape Léon X en 1514. Il fut inscrit au calendrier romain en 1622.

— Jacques DUBOIS

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jacques DUBOIS. BRUNO saint (1030 env.-1101) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHARTREUX

    • Écrit par Jacques DUBOIS, Universalis
    • 1 505 mots
    • 1 média
    Bruno, qui espérait avoir trouvé dans le massif de la Grande-Chartreuse une retraite définitive, fut contraint de le quitter en 1090, à l'appel de son ancien élève, Eudes de Châtillon, devenu le pape Urbain II, soucieux de s'entourer de conseillers sûrs. Mais il ne resta pas longtemps à Rome : après...
  • MONASTIQUE ARCHITECTURE

    • Écrit par Carol HEITZ
    • 8 277 mots
    • 9 médias
    ...Parallèlement aux monastères bénédictins et cisterciens, un troisième type de monastères apparaît, celui des Chartreux. Sa disposition, formulée par saint Bruno (env. 1032-1101), est commandée par l'exigence d'une extrême solitude. Alors que les moines bénédictins n'étaient jamais seuls, les Chartreux souhaitent...

Voir aussi