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VERLET BLANDINE (1942-2018)

Tout autant que ses propos, le jeu de Blandine Verlet révélait, sous l’élégance de la forme, une sincérité sans apprêt, une liberté de ton parfois orageuse, une sensibilité à la fois inquiète et délicate, une grande exigence de rigueur et une irrépressible fascination pour les aventures inédites. Son confrère Pierre Trocellier, dans la préface de l’ouvrage qui rassembla, en 2002, plusieurs textes de l’illustre claveciniste sous le titre L’Offrande musicale, en donne l’idéale définition : « l’excellence fantastique ».

Blandine Verlet - crédits : Louis Monier/ Bridgeman Images

Blandine Verlet

Fille de Pierre Verlet, conservateur en chef des Objets d’art au musée du Louvre, Blandine Verlet naît à Paris le 27 février 1942. Elle suit au conservatoire de la capitale les leçons d’esthétique de Marcel Beaufils, d’histoire de la musique de Norbert Dufourcq et de clavecin de Marcelle Delacour, titulaire de la première classe offerte en 1955 à l’instrument. Elle y achève ses études, nantie en 1963 d’un premier prix de clavecin à l’unanimité, l’année même où lui est décerné le prix spécial du jury au Concours international de Munich (ARD). Blandine Verlet inaugure dès cette époque une brillante carrière de soliste, tout en se perfectionnant auprès de Ruggero Gerlin (Accademia Chigiana de Sienne, 1958-1964), d’Huguette Dreyfus (Académie de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, 1962-1964) et de Ralph Kirkpatrick (université Yale, États-Unis, 1968-1969). Dès 1972, elle entame à l’Académie de musique ancienne de Semur-en-Auxois un long parcours pédagogique qui se poursuivra aux conservatoires du XVIIe arrondissement de Paris (1983-1985), d’Angoulême (1985-1987) et de Bordeaux (1987-1990), avant de se conclure au conservatoire de Rueil-Malmaison et au conservatoire Jean-Philippe-Rameau dans le VIe arrondissement de Paris (1990-2007). Elle formera de nombreux élèves, parmi lesquels on peut citer Jean-Luc Ho et Jean Rondeau.

Le vaste répertoire de Blandine Verlet – qui parfois abandonne le clavecin pour le pianoforte – s’étend du xvie siècle anglais à Ligeti et Boucourechliev. Si sa discographie conserve peu de traces de ses incursions dans la musique du xxe siècle, Jean-Sébastien Bach figure en bonne place – notamment avec une version majeure des Variations Goldberg et des Partitas pour clavier – mais aussi Haendel (les huit grandes Suites), Scarlatti, Froberger – avec un album sous-titré, comme un aveu, « l’intranquillité » – et Frescobaldi. Le clavecin français y occupe une place centrale avec des intégrales consacrées à François Couperin, son oncle Louis Couperin et Jean-Philippe Rameau. Elle illustre avec le même talent des pièces moins fréquentées signées Claude Balbastre, Jacques Duphly, Louis Marchand ou Élisabeth Jacquet de La Guerre, l’une des rares femmes compositrices du xviiie siècle. Une importante discographie – essentiellement chez Valois, Astrée, Naïve, Philips – lui permet de s’associer avec les violonistes Gérard Poulet et Salvatore Accardo, le flûtiste baroque Stephen Preston, le gambiste Jordi Savall, le claveciniste Jos Van Immerseel, le Quatuor Mosaïques ou le chef d’orchestre Raymond Leppard. Son dernier enregistrement, publié par Aparté en 2012, est une nouvelle fois consacré à François Couperin et à son Troisième Livre. Il est accompagné d’un livret-fiction rédigé par elle-même, La Compositrice, qui illustre une dernière fois la personnalité passionnée de l’interprète. Dans tous ces univers, elle montre un tempérament audacieux, un style ardent et imaginatif, virtuose, intense et coloré, qui assume avec délectation les risques pris dans une inlassable quête de l’authenticité expressive.

Blandine Verlet meurt à Paris le 30 décembre 2018.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. VERLET BLANDINE (1942-2018) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Blandine Verlet - crédits : Louis Monier/ Bridgeman Images

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