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BLADE RUNNER 2049 (D. Villeneuve)

Si on a proposé à Ridley Scott d’adapter le roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1966), c’est qu’il avait déjà à son actif deux films importants. Après un long passage par la télévision et la publicité, le cinéaste anglais avait réalisé Les Duellistes (1976), adaptation d’une nouvelle de Joseph Conrad et prix de la première œuvre au festival de Cannes. Puis, en 1979, pour Hollywood, le premier Alien, où l’horreur se confond sans cesse avec la poésie et le sens de l’action. Le succès lui amena donc cette proposition de troisième film. Pourtant, il fallut du temps pour que BladeRunner (1982) devienne une légende, cultivée par des armées d’amateurs reconnaissants à Scott d’avoir créé un monde.

Naissance d’un mythe

Le récit se déroule en 2019, dans un Los Angeles sinistre, où plus personne ne semble pouvoir respirer. Rick Deckard (Harrison Ford) est chargé de poursuivre et d’éliminer les « réplicants », androïdes échappés de la planète où l’on avait tenté de les reléguer. Leur intelligence, leur capacité à se dissimuler dans la foule et leur excellence au combat en font des cibles difficiles à atteindre. Rick Deckard accomplit son devoir de tueur avec régularité. Comme de nombreux protagonistes de films noirs, il est solitaire et efficace. Son attirance pour une réplicante fera basculer son destin, comme c’est souvent le cas dans la tradition hollywoodienne du héros taciturne. Sa mélancolie est d’autant plus impressionnante que tout le film se déroule pendant la nuit. Los Angeles en 2019, vu par Ridley Scott, est devenu tout entier un « boulevard du Crépuscule ». La passion suscitée par ce premier film est étroitement liée à l’obscure poésie qui le traverse. Après les deux director’scutsproposés en 1992 et 2007, il n’y a plus de doute : la mélancolie de Rick Deckard provient du fait que lui-même est certainement un réplicant. Il tue ses semblables, c’est sa seule fonction, mais son « programme » n’a pas prévu d’écarter de lui la souffrance morale. 

<em>Blade Runner 2049</em>, D. Villeneuve - crédits : Columbia Pictures/Entertainment Pictures/ZUMAPRESS.com/ Aurimages

Blade Runner 2049, D. Villeneuve

Le jeu sur le temps rend en 2017 l’idée d’un nouveau BladeRunner particulièrement troublante. Le projet, qui paraît prendre place dans le tissu même du premier récit, a été confié par Ridley Scott au Québécois Denis Villeneuve. Auparavant, celui-ci avait dirigé huit longs-métrages, des films d’action où prédominent la culpabilité, la violence, les conflits existentiels. Il s’agit toujours de scénarios sensibles, transportés à l’écran par un cinéaste qui, pour être très soucieux de la forme, n’en a pas moins souvent laissé ses spectateurs sur leur faim. Ridley Scott étant le producteur de ce BladeRunner 2049, il paraît impensable qu’il n’ait pas contrôlé à la fois le scénario, le tournage et les choix esthétiques, au moins autant que le réalisateur lui-même.

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René MARX. BLADE RUNNER 2049 (D. Villeneuve) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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<em>Blade Runner 2049</em>, D. Villeneuve - crédits : Columbia Pictures/Entertainment Pictures/ZUMAPRESS.com/ Aurimages

Blade Runner 2049, D. Villeneuve

<em>Blade Runner 2049</em>, D. Villeneuve - crédits : Columbia Pictures/ Entertainment Pictures/ Zumapress.com/ Aurimages

Blade Runner 2049, D. Villeneuve

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